BEURMANN J = F.
Arc de Triomphe, pilier ouest colonne 39 (inscriptions de 1841)
1.
Jean
Ernest
Général de brigade (Strasbourg
25.10.1775 - Toulon 10.10.1850)
Fils
de Jean Conrad Auguste de Beurmann, chef de bataillon sous Kléber,
et
de Marie Catherine, née Kübleber,
Beurmann est enfant de troupe en
1784,
soldat en 1788, lieutenant en septembre 1791, au 19e
d’infanterie.
Capitaine en mai 1792, il sert à Valmy, Neerwinden,
Hondschoote, Fleurus.
Blessé à Düsseldorf, le 6 septembre 1795,
Beurmann combat au siège de Mayence.
À Coblence le 17 janvier1798, il
épouse Marie Josèphe Apolline Thérèse Sontheim
qui lui donne trois enfants,
Joseph (1798 - 1867) capitaine d’infanterie,
Frédéric Auguste (1803 -
1846) capitaine d’infanterie,
Virginie (1804 - 1892) épouse du général
Jean de Pourailly.
À l’armée d’Helvétie puis en Italie, chef de
bataillon en mai 1800,
Beurmann fait les campagnes de la Grande Armée
de 1805 à 1807.
Baron de l’Empire le 16 septembre 1808, il combat en
Espagne,
se signale au siège de Gérone et est général de brigade le 23
octobre 1811.
Il sert à Limonest, dans la division Augereau, le 20 mars
1814.
Aux Cent-Jours, il est à l’armée du Rhin.
De 1818 à 1833, il
commande la place de Toulon
puis est maire de Toulon de 1840 à 1846.
Il
est enterré au cimetière central de Toulon, dans la carré Beurmann.
Portait du général Jean Ernest de Beurmann
extrait du pastel signé Paul Emmanuel Curel de 1842 (collection particulière)
2.
Frédéric
Auguste
Général de brigade (Nancy 22.9.1777 - Metz 13.4.1815)
Frère de Jean Ernest, Beurmann est
enfant de troupe en 1784,
soldat en 1788, sous-lieutenant en juin 1792 au 62e d’infanterie.
Il est
aide de camp de Kléber en 1793, lieutenant en mars 1796.
Capitaine en septembre 1799 à Zurich, il
sert à l’armée du Rhin
puis dans les chasseurs à cheval
de la garde des Consuls en novembre 1800.
Il
épouse le 2 juin 1802 à Paris, Anne Françoise Gobert qui lui donne quatre enfants,
Eugène Catherine (1804 - 1873)
général de brigade,
Cornélie (1805 - 1856) épouse d’Édouard Friquet, maître de forges,
Ernestine
Joséphine (1811 - 1869) épouse de Simon Piot, maître de forges,
et Prosper, né en 1814.
Chef
d’escadron en octobre 1802, Beurmann est blessé à Austerlitz
et est colonel du 17e dragons le 27
février 1806.
Il sert en Espagne et au Portugal de 1808 à 1811.
Baron de l’Empire le 27 novembre
1808,
il participe à la défense du pont d’Amarante à l’est de Porto
et est blessé à la joue le 12
mai 1809.
Général de brigade le 6 août 1811, il sert sous Ney en Russie
et se signale à Inkowo le 8
août 1812,
à la tête de la 14e brigade de cavalerie légère.
En 1813 en Saxe, il sert à Leipzig puis
à la défense de Metz en janvier 1814.
Admis à sa demande en non-activité en janvier 1815,
Beurmann
se suicide d’un coup de pistolet.
BEURMANN
ou le 661e
nom inscrit sur l'Arc de Triomphe ?
L'inscription BEURMANN, J=F. signifie
que les deux frères Beurmann,
ont tous les deux leur nom inscrit à la
même place sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile.
Le signe égal entre le J et le F n'est utilisé nulle part
ailleurs pour les 660 noms inscrits.
Les autres couples de même noms
(père et fils, frères, et homonymes)
sont inscrits à deux endroits
différents.
En règle générale, ils n'utilisent qu'un seul prénom,
soit
pour chacun des deux noms inscrits, soit pour un seul des deux noms
inscrits.
Si le nom de Jean Ernest Beurmann seul ou celui de François
Auguste Beurmann seul
avait été inscrit, il y aurait eu une gravure
portant le nom Beurmann accompagné
d'un J ou d'un E ou d'un F ou
d'un A, mais pas d'un J et d'un F.
L'inscription BEURMANN J=F. signifie
donc
BEURMANN J (Jean Ernest) = (partage le même honneur d'être inscrit
que)
F.(Frédéric Auguste).
■ Pourquoi les deux frères
Beurmann
auraient été les seuls à être inscrits à la même place ?
Ils ont eu un parcours assez similaire
et ont en particulier été nommés tous les deux,
baron de l'Empire en
1808 et surtout général de brigade en août et octobre 1811.
Dans la
colonne 39, les noms correspondent à ceux de généraux de brigade nommés
sous l'Empire
par ordre croissant de date du haut vers le bas,
commençant par Desailly nommé le 8 juin 1809,
Troude nommé le 27 mai
1811 (contre-amiral équivalent à un général de brigade),
Jouffroy nommé
le 23 juin 1811 puis Baillod et Saint-Cyr-Nugues nommés le 6 août 1811
comme Frédéric Auguste Beurmann et suivi par Jean Ernest Beurmann nommé
le 23 octobre 1811.
Ils sont suivis par Gressot nommé général de
brigade le 21 décembre 1812,
Simmer le 8 octobre 1812, Christiani le 30
août 1813, Flamand le 14 septembre 1813,
Meynadier le 4 novembre 1813,
Boulart le 6 novembre 1813.
Les frères Beurmann auraient donc pu être
inscrits l'un sous l'autre.
C'était peut-être le premier projet.
Mais
l'aspect peu esthétique d'une telle l'inscription et surtout le
manque de place
pour répondre à toutes les réclamations a probablement
conduit à cette solution.
■ Le fait que Frédéric Auguste Beurmann
s'est suicidé
n'est-il pas une raison pour laquelle il pouvait ne pas être inscrit ?
Le roi Louis-Philippe s'est inquiété pour
l'inscription de Beaurepaire
qui était dit s'être suicidé à Verdun en 1792 plutôt que se rendre aux
Prussiens
car il y voyait un mauvais exemple d'héroïsme.
Le général Lemoine a pu lui expliquer dans
une note détaillée
qu'il n'en était rien et que Beaurepaire avait été assassiné.
Ce qui aurait pu
être une raison de ne pas inscrire un nom,
ce n'est pas le suicide mais le suicide lors d'un
commandement durant un combat.
Villeneuve qui s'est suicidé après Trafalgar est inscrit.
On peut
aussi se dire que l'inscription de Frédéric Auguste
est dissimulée derrière celle de Jean Ernest.
Cette interprétation est possible mais tous les membres de la commission
dont le travail a commencé
en décembre 1840,
connaissaient tous les noms à inscrire et une dissimulation
envers certains
opposants à cette inscription semble peu probable.
■ N'y aurait-il pas eu une première
inscription BEURMAN, J - F.
à laquelle une instruction de correction de gravure
(ajout d'un trait,
sous-entendu pour transformer le F en E)
aurait été mal interprétée et se serait transformée en
BEURMANN, J = F. ?
Cette hypothèse est peu plausible car il n'y a qu'un seul exemple
où
un nom inscrit est suivi de 2 prénoms :
c'est Jean Baptiste JAMIN, où l'inscription est JAMIN, J. B.
Même dans ce cas, il n'y a eu aucun trait entre le J et le B, mais seulement un point :
Arc de Triomphe, pilier nord, colonne 09 (inscriptions de 1841)
■ Existe-t-il d'autres sources donnant
cette interprétation des deux frères
Jean Ernest et Frédéric Auguste pour l'inscription sur l'Arc de
Triomphe du nom de BEURMANN ?
La brochure du
docteur Pierre Cluzel concernant Jean Ernest de Beurmann,
maire
de Toulon, indique pour son inscription sur l'Arc de Triomphe le texte
suivant :
« Inscription du nom du général Jean Ernest de Beurmann sur
le pilier ouest de l'Arc de Triomphe.
Sous les voûtes de l'Arc de
Triomphe sont inscrits les noms de 96 batailles combats ou sièges
et
555 noms de maréchaux, généraux, officiers ;
quelques uns de ces noms
sont soulignés ;
ce sont ceux des officiers morts dans les combats.
Le
nom de famille Beurmann concerne aussi bien l'aîné que le puîné.»
Une liste du
ministère de la Guerre de 1841, non datée et signée par
Martineau,
secrétaire général et conseiller d'État, et intitulée
« Liste des lieutenants-généraux, maréchaux de camp, administrateurs
militaires
et chirurgiens en chef de la République et de l'Empire
admis
pour être inscrits sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile »
mentionne dans
la 3e catégorie,
ceux des noms des maréchaux de camp restés dans leur
grade,
Beurmann, F. et au-dessous Beurmann, (Jean Ernest).
Le gros
point marqué après Beurmann F,
est expliqué dans la note à la fin de
cette liste :
« Les gros points indiquent les noms semblables. »
Il
confirme donc bien que le nom Beurmann est attribué 2 fois
pour être
inscrit sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile.
Cette liste de 241 noms à
laquelle on doit ajouter les 4 derniers noms retenus,
Bardet, Villatte
(colonne 02), Réné, Schmitz (colonne 39)
et retirer un nom pour les
deux noms de Beurmann
regroupés dans une seule place, correspond
exactement
à la liste des 244 noms inscrits en décembre 1841.
Voici une
copie de cette liste dont il est facile de vérifier
que tous les noms
qui y figurent sont bien inscrits sur l'Arc de Triomphe :
En conclusion, avec BEURMANN, J = F, nous pourrions écrire que nous avons
661 noms
inscrits sur l'Arc de Triomphe.
En fait c'est bien 660 noms dont un est partagé entre deux frères.
C'est
plus clair pour la compréhension générale des inscriptions.
A. D. décembre 2011
Pour tout commentaire, rectification ou ajout sur ce sujet,
n'hésitez pas à prendre contact avec moi :
Docteur P. CLUZEL, Le général, baron de L'Empire, Jean Ernest de Beurmann,
Maire de Toulon (1840 - 1846),
Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon, tome 110,
1988
B. DINECHIN, Les Généraux Barons de Beurmann - une lignée venue
d'ailleurs servir une patrie d'adoption,
08200 Balan, Le Pays Sedannais Tome XXII, Imprimerie de
Balan-Sedan, 2004
Service Historique de la Défense au château de Vincennes :
dossiers BEURMANN Eugène Catherine (8Yd3592),
BEURMANN Jean Ernest (8Yd1385), BEURMANN Frédéric Auguste
(8Yd1364)
et XEM 267 Inscriptions sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile, travaux de la commission
chargée d'examiner les réclamations