DEJEAN
■ Le père
DEJEAN
Jean François Aimé
Général de division (Casrtelnaudary (Aude) 6.10.1749 - Paris 12.5.1824)
Fils de Jean Pierre Dejean, subdélégué de l'intendant du Languedoc, et
de Marie, née Fabry, Dejean fait ses études chez les bénédictins de
Sorrèze puis entre en 1766
à l'école du génie de Mézières. En 1779, il épouse Alexandrine Marie
Élisabeth Le Boucher d'Ailly qui décède en 1782. Dejean est ingénieur
en chef en Picardie de
1781 à 1791. Il sert à l'armée du Nord de 1792 à 1795 : il est à la
prise de la citadelle d'Anvers, à Neerwinden. Chef de brigade en
juillet 1794, il est au siège du fort
de l'Écluse et est nommé général de brigade le 1er septembre 1794.
Commandant le génie au siège de Nimègue en octobre-novembre 1794, il
sert au passage du
Rhin les 5 et 6 septembre 1795 et est nommé général de division le 16
octobre 1795. Il commande les forces franco-bataves en 1796-1797.
Dejean est conseiller
d'État fin décembre 1799 et passe deux ans à Gênes pour organiser la
République ligurienne. Le 19 octobre 1801, il épouse Aurore Barthélémy,
sœur du sénateur et
comte de l'Empire François Barthélémy. Elle lui donne cinq enfants,
Aurore Mélanie (1802-1891) épouse de Joseph Teisseire, Napoléon Aimé
(1804-1880), Jeanne
Laure (1806-1861) épouse de Camille Latache de Fay, Louise Emma
(1808-1865) épouse d'Eugène de Milleret, et Blanche Stéphanie. Dejean
est ministre de
l'administration de la Guerre, du 12 mars 1802 au 2 janvier 1810. Comte
de l'Empire le 1er juin 1808, il est sénateur le 7 février 1810, chargé
le 28 octobre 1812 de
présider la commission militaire jugeant le conspirateur Malet. Malgré
son refus de voter la déchéance de Napoléon en 1814, Louis XVIII le
nomme le 21 avril 1814,
gouverneur de l'École polytechnique. Premier inspecteur du génie durant
les Cent-Jours, Dejean est directeur général des subsistances
militaires en décembre 1817.
Il est enterré à Paris, au cimetière du Père-Lachaise. Il laisse
quelques écrits sur les subsistances militaires, la conservation des
grains. Castelnaudary (11400) a une
rue Général-Dejean. Son nom est iscrit en 1836 sur l'Arc de Triomphe à Paris, pilier nord, colonne 05.
■ Le fils
DEJEAN, A.
Pierre François Marie Auguste, dit Auguste
Général de division (Amiens (Somme ) 10.8.1780 - Paris 17.3.1845)
Fils du général Jean François Aimé Dejean, et d'Alexandrine Marie
Élisabeth Le Boucher d'Ailly, Dejean est aide de camp provisoire de son
père en mars 1795. Il
sert à l'armée de Sambre-et-Meuse, à celle du Nord de 1795 à 1797 puis
à celle d'Italie en 1800-1801. Sous-lieutenant, aide de camp de son
père en août 1796,
capitaine en janvier 1801, Dejean épouse le 17 juillet 1802, Adèle
Barthélémy, née le 6 mai 1786 à Marseille, fille de Jacques Barthélémy
et de Marie Claire Mélanie
Rose, sœur de la seconde épouse de son père, qui lui donne cinq
enfants, Adèle Jeanne (1803-1860) épouse Ardène, Benjamin (1804-1885)
député, Pierre Charles
(1807-1872) général et ministre de la Guerre en 1870, Dieudonné Marie
Louis (1809-1881) lieutenant-colonel, Stéphanie Emma Élisabeth
(1815-1878) épouse de
Jacques Alphonse Mahul, député. Chef d'escadron en septembre 1805,
Dejean sert à la Grande Armée et est colonel du 11e dragons le 13
février 1807. Baron de
l'Empire le 1er juin1808, il sert en Espagne puis à l'armée du Portugal
en 1810-1811. Général de brigade le 6 août 1811, il sert en Russie.
Aide de camp de l'Empereur
en février 1813, Dejean est en Saxe en 1813 puis en Champagne. Il
combat à Montereau le 18 février et est général de division provisoire
le 23 mars 1814. Confirmé
dans son grade le 23 juillet 1814, il est de nouveau, aide de camp de
l'Empereur aux Cent-Jours. Exilé en Autriche, il rentre en France en
1818. Commandant la division
de cavalerie de l'armée de Belgique en 1830, il est inspecteur général
de cavalerie de 1834 à 1843. Il décède en son domicile du 17 rue de
l'Université à Paris et est
enterré avec son père, au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Il laisse un Catalogue des insectes coléoptères (1821 et 1833). Avec Latreille, il publie une Iconographie
des coléoptères d'Europe (1822). Avec Boisduval et Aubé, il est l'auteur d'une Histoire naturelle et Iconographie des coléoptères (1829 et années suivantes). Sa
collection de 20 000 coléoptères est considérée comme la plus riche d'Europe (document INRA de Jacques d'Agilar, Insectes n° 149 - 2008). Il laisse aussi
Observations sur l'ordonnance de 1829, relatives à la cavalerie (1838). Amiens (80000) a une rue Dejean et une rue neuve Dejean. Son nom est inscrit en 1841 sur
l'Arc de Triomphe à Paris, pilier sud, colonne 30.
Inscription du nom DEJEAN, A.
sur l'Arc de TriompheL
Le général Auguste Dejean écrit le 2 décembre 1840 au maréchal Soult, ministre de la Guerre, la lettre suivante :
« Paris le 2 décembre 1840
Monsieur le Maréchal
Je viens d'apprendre qu'une commision présidée par
M. le Maréchal Duc de Reggio venait d'être nommée pour examiner les
réclamations des officiers généraux
dont les noms n'avaient pas été inscrits sur l'arc de triomphe et je
viens vous prier de vouloir bien comprendre mon nom dans le nombre des
réclamants.
Sur l'arc de triomphe on lit bien le nom Dejean,
mais par la place qu'il occupe et par les noms qui sont autour de lui,
il est évident que c'est celui de mon père, et
je crois que pour mes services et l'emploi que j'ai mené près de
l'Empereur, je méritais aussi l'honneur d'être cité personnellement.
Je vous prie donc d'avoir la bonté de transmettre
une réclamation à la commission qui doit s'occuper de cet objet.
Agréez, je vous prie, Monsieur le Maréchal, l'assurance de mon respect et de ma haute considération.
Le Lieutenant Général, Pair de France
signé Comte Dejean
À M. le Maréchal Ministre de la Guerre »
Le général Pierre François Marie Auguste a raison d'écrire que le nom
Dejean inscrit en 1836 correspond à celui de son père Jean François
Aimé, car tous les noms
inscrits en colonne 05 sont ceux de lieutenants généraux ou généraux de
division nommés sous la Révolution, avant le 5 février 1799 pour
Vandamme.
Le maréchal Soult écrit le 6 décembre 1840 au maréchal Oudinot, duc de
Reggio, président de la commission de l'Arc de Triomphe, pour lui
transmettre la lettre
précédente du lieutenant général comte Dejean, Pair de France puis
écrit le 7 décembre 1840 une lettre au lieutenant général comte Dejean
pour lui signaler avoir
transmis sa demande au maréchal Duc de Reggio.
En 1841, la commission présidée par Oudinot présente une nouvelle liste
pour les noms à inscrire sur l'Arc de Triomphe. La liste presque
complète (241 noms sur
244) est présentée par François Martineau des Chenez, secrétaire général au ministère de la Guerre, conseiller d'état :
Elle est présentée en six catégories classées par
ordre alphabétique : les lieutenants-généraux, les maréchaux de camp de
première catégorie, tués sur le champ de
bataille, les maréchaux de camp de deuxième catégorie, promus
lieutenants-généraux après la fin de l'Empire, les maréchaux de camp de
troisième catégorie, restés
dans leur grade, les administrateurs militaires et les chirurgiens en
chef. Le
nom Dejean figure dans la première liste, celle des
lieutenants-généraux (ou généraux de
division) suivi d'un point
dont l'explication figure en fin de liste : « Nota - Les gros points
indiquent les noms semblables. »
Le maréchal Soult, ministre de la Guerre fait parvenir à Teste,
ministre des Travaux Publics cette liste. Ce dernier répond le 6 août
1841 que cette liste ne lui convient
pas, qu'il ne souhaite pas une liste par grade et par ordre
alphabétique, mais une liste respectant ce que Saint-Cyr-Nugues avait
fait en 1836 pour les 384 premiers noms,
à savoir quatre groupes à inscrire sur les quatre piliers et respectant un ordre plus ou chronologique et géographique.
La commission qui reçoit ce courrier ne sait pas très bien comment y
répondre. Elle adopte finalement une position assez simple. Les noms
sont classés en quatre
groupes classés par ordre de date de nomination au grade le plus élevé
dans l'armée française durant la Révolution et l'Empire, c'est-à-dire
qu'aucune distinction n'est
faite entre les maréchaux de camp restés dans leur grade et ceux promus
lieutenants-généraux après l'Empire. Les noms des administrateurs
militaires (ou intendants
militaires) ou des chirurgiens sont placés entre ceux des
lieutenants-généraux (ou généraux de division) et ceux des maréchaux de
camp (ou généraux de brigade).
La colonne 30 où est inscrit le nom Dejean, A. respecte assez bien cet
ordre. On peut cependant noter que le nom du général Marisy ne respecte
pas cet ordre
chronologique car il a été placé au-dessus des noms des généraux
Morangies et Bron mais, ayant été tué au combat, sa place plus haut
dans la colonne est un peu plus
honorifique.
BACHELU général de division le 26 juin 1813
MEUNIER, C. général de division le 5 novembre 1813
BRICHE général de division le 19 novembre 1813
THOUVENOT général de division le 25 novembre 1813
MERLIN général de division à l'armée d'Espagne le 15 août 1808 et en janvier 1814 à l'armée française
DEJEAN, A. général de division provisoire le 23 mars 1814 et confirmé le 23 juillet 1814
SUBERVIE général de division provisoire le 3 avril 1814 et confirmé le 23 juillet 1814
BIGARRE général de division provisoire le 17 mars 1814 et confirmé le 23 juillet 1814
LARREY chirurgien en chef
LAMETH, Ch. maréchal de camp le 6 février 1792 puis lieutenant-général le 1er juillet 1815
CAUSSE général de brigade le 13 juin 1795
LAHURE général de brigade le 19 octobre 1799 puis lieutenant-général honoraire le 22 juillet 1818
ROIZE général de brigade provisoire le 25 avril 1800
MARISY général de brigade le 24 mars 1803
MORANGIES général de brigade le 30 novembre 1801
BRON général de brigade le 30 novembre 1801
SIBUET général de brigade le 23 août 1813, inscrit en 1867
■ Un autre DEJEAN sur l'Arc de
Triomphe : Georges Six dans son dictionnaire biographique indique
que le second DEJEAN
serait le général Jean Antoine DEJEAN. Est-ce possible ?
Il existe deux autres généraux contemporains de Pierre François Marie Auguste :
- le premier, choisi par Georges Six, est Jean Antoine Dejean, né et baptisé à
Chalabre dans l'Aude le 27 octobre 1765, et décédé à Brunoy le 6 novembre 1848. Il
est
le fils de Claude Dejean, marchand et de Jeanne, née Combes. Général de brigade le 19
octobre 1804, il est commandant d'armes à Marseille en 1805, commandant
des Bouches du Rhône jusqu'en 1814. Pendant les Cent-Jours, il est commandant de la
place de Lille. Il n'a participé à aucune campagne de l'Empire. Il
n'est pas baron
de l'Empire ni même chevalier de l'Empire. Malgré trois demandes pour être
commandant de la Légion d'honneur sous l'Empire, il ne reçoit le titre
de commandeur
de la Légion d'honneur que le 1er mai 1821. Lors de l'inspection de la
place de Lille en 1827, il est commandant de la place de Lille ; il est marié et a un enfant ; sa
condition
physique est « affaiblie par les fatigues de la guerre mais encore
assez bonne pour continuer longtemps son service » et il ne lui est
noté aucune blessure.
Le
parcours de Jean Antoine Dejean n'est pas particulièrement glorieux et
de nombreux généraux dont les noms ne sont pas inscrits sur l'Arc de Triomphe ont eu des
états de service plus élogieux.
- le second est Pierre Dejean, né à Soubes dans l'Hérault le 14
novembre 1774 et décédé à Tours le 10 août 1845. Il est le fils de
Pierre Dejean, capitaine de dragons
et d'Anne, née Coste. Colonel du régiment de chasseurs des Vosges,
devenu le 12e dragons, le 30 juillet 1823, maréchal de camp le 8 décembre 1831, il est marié le 9
décembre 1835 à Louise Jeanne Jacqueline Texier, fille de Pierre
François Texier et de Louise Renée Marie Desmares. Pierre Dejean n'est pas
concerné par les
inscriptions sur l'Arc de Triomphe car il n' a eu aucun titre
d'officier supérieur ni pendant la Révolution, ni pendant l'Empire.
La commission de l'Arc de Triomphe a retenu pour les inscriptions de
1841 un lieutenant général de l'Empire et n'a probablement même pas
étudié les dossiers de ces
deux généraux de brigade. Il n'y a en conclusion aucune autre
possibilité d'inscription sur l'Arc de Triomphe que les noms de Jean
François Aimé Dejean et de son fils
Pierre François Marie Auguste.
■ Les noms des couples homonymes inscrits sur l'Arc de Triomphe
En dehors de Dejean, père et fils, on trouve deux autres couples père/fils : Kellermann et Schramm
Pour les couples de frères, il y en a treize : Bessières, Beurmann,
Bonaparte, Boyer, Caffarelli, Caulaincourt, Colbert, Corbineau, Damas,
Delagrange, Gudin, Montmarie et Soult.
G. SIX : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, Paris G. Saffroy, 1934
J. TULARD : Napoléon et la noblesse d'Empire, Paris, Tallandier, 2001
Service Historique de la Défense (Château de Vincennes) : dossier DEJEAN Jean Antoine (8Yd998) - dossier DEJEAN Jean François Aimé (7Yd265) - dossier
DEJEAN Pierre (8Yd2801) - dossier DEJEAN Pierre François Marie Auguste (7Yd636) - Inscriptions sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile - travaux de la commission chargée d'examiner les réclamations (XEM267)