LANNES
Jean
Maréchal d’Empire, blessé mortellement par un boulet à Essling (Lectoure (Gers)
10.4.1769-Kaiserebersdorf (Vienne) 31.5.1809)
Illustration d'Henri Dimpre - couverture du livre Les cahiers du Capitaine Coignet (1776-1850), Paris, Hachette, 1957
Fils de Jean Lannes, agriculteur, et de Cécile, née Fouraignan, Lannes est
apprenti chez un teinturier avant d’être sous-lieutenant au 2e bataillon de volontaires
du Gers en juin 1792. À l’armée des Pyrénées orientales de 1793 à 1795, il
sert à Peyrestortes, est capitaine de grenadiers en octobre 1793 et chef de brigade
en décembre 1793. Le 19 mars 1795 à Perpignan, il épouse Jeanne Josèphe Barbe
Méric. À l’armée d’Italie en 1796, il combat à Millesimo, Dego, Lodi, Bassano le
8 septembre et est nommé provisoirement général de brigade par Bonaparte, le
9 septembre 1796. Blessé à Arcole le 15 novembre 1796, il s’empare d’Ancône le
9 février 1797 et est confirmé dans son grade le 17 mars 1797. Il suit Bonaparte
en Égypte en 1798. Il se signale à l’assaut d’El Arich et est blessé à l’assaut de
Saint-Jean-d’Acre le 8 mai 1799. Nommé provisoirement général de division par
Bonaparte, le 10 mai 1799, il combat à Aboukir et est blessé au siège du fort le
27 juillet 1799. De retour en France avec Bonaparte, il seconde ce dernier lors
du coup d’État du 18 brumaire et est confirmé dans son grade le 3 mai 1800.
Commandant de la Garde consulaire, il s’empare d’Aoste le 16 mai 1800 puis de
Pavie le 2 juin, est vainqueur de l’Autrichien Ott à Montebello le 9 juin 1800 et se
signale à Marengo le 14 juin. Après avoir divorcé de sa première femme en juin
1800, il épouse le 16 septembre 1800, à Dornes dans la Nièvre, Louise Antoinette,
fille du sénateur François Scholastique Guéhéneuc, qui lui donne cinq enfants :
Napoléon Auguste, ministre puis ambassadeur de France et sénateur (1801-1874),
Alfred, député (1802-1861), Ernest (1803-1882), Gustave Olivier, général de division
puis sénateur (1804-1875), Joséphine (1808-1889). Ambassadeur au Portugal en
1802-1803, maréchal d’Empire le 19 mai 1804, Lannes commande le 5e Corps de
la Grande Armée en 1805-1807. Il sert à Ulm, Hollabrunn, Austerlitz, gagne la
bataille de Saalfeld le 10 octobre 1806, combat à Iéna, bat le Russe Bennigsen à
Pultusk le 26 décembre 1806, sert à Heilsberg et Friedland. Duc de Montebello
le 15 juin 1808, il bat les Espagnols de Castaños à Tudela le 23 novembre 1808 et
reçoit la capitulation de Saragosse le 21 février 1809. Contre l’Autriche en 1809,
il sert à Abensberg, Landshut, Eckmühl. À Essling, il a la cuisse broyée par un
boulet le 22 mai 1809. Opéré par Larrey, il meurt peu après. Embaumé par Cadet
de Gassicourt et Larrey, il est inhumé à Paris, au Panthéon. Son coeur repose dans
la chapelle funéraire familiale du cimetière parisien de Montmartre. Paris a depuis
1840 un quai de Montebello dans le 5e arrondissement, en l’honneur du maréchal
Lannes, puis en 1864, un boulevard Lannes dans le 16e arrondissement et en 1905,
un port de Montebello dans le 5e arrondissement. Lectoure (32700) a un lycée
du Maréchal-Lannes et une statue érigée en 1834 sur la promenade du Bastion.
Marseille (13006) et Perpignan (66000) ont une rue du Maréchal-Lannes, Lyon
(69006) et Tours (37000) une rue Lannes, Montpellier (34000) une place Lannes.
Le nom de LANNES est inscrit sur l'Arc de Triomphe en 1836
(pilier est, colonne 13).
J.-C. DAMAMME, Lannes Maréchal d’Empire, Paris, Payot, 1987
■ La capitulation de Saragosse
Louis François LEJEUNE Épisode du siège de Saragosse
Assaut du monastère de San Engracia
Musée du château de Versailles
Au début de l'hiver 1808, la campagne d'Espagne est dirigée personnellement par Napoléon. Tandis que celui-ci se réserve
l'honneur de conquérir la capitale, il confie au maréchal Lannes le soin de venger l'affront infligé
à Lefebvre par les Saragossains en août 1808.
Mortier est à la tête de deux divisions, commandées respectivement par les généraux Suchet et Gazan.
L'armée qui va entreprendre le siège comprend près de 40 000 fantassins, 3 500 cavaliers,
1 100 sapeurs et mineurs, 48 canons lourds et 84 canons légers.
Les Français vont affronter les 20 000 soldats de l'armée de Castaños qui vient d'être défaite
à Tudela (le 23 novembre), 20 000 autres soldats incorporés récemment - ex-paysans ou contrebandiers - et
les habitants aussi résolus que l'été précédent. Les armes ont été fournies en abondance par les Anglais.
Les premières attaques, accompagnées de bombardements, ont lieu le 21 décembre. Le premier grand assaut
est donné le 11 janvier 1809. Il ne faut pas moins de deux régiments pour s'emparer
des restes du couvent de San José dont les abords ont été abondamment minés.
Lannes arrive sur place le 22 janvier ; devant la résolution inébranlable des Saragossains,
il se convainc que la ville ne pourra être prise que rue par rue. À partir du 27 janvier, date de la première attaque générale,
les combats ne cesseront pas, caractérisés par une fureur inouïe des deux côtés.
Les Espagnols deviennent vite experts dans l'art de défendre les maisons menacées ; à l'approche des assaillants,
ils démolissent l'escalier, le remplacent par une échelle qu'ils retireront le moment venu,
s'établissent au premier étage, percent dans les cloisons et les planchers
des trous par lesquels ils feront feu et préparent la fuite par les toits. Une fois qu'ils ont pénétré au rez-de-chaussée,
les Français sont accueillis par des coups de feu qui viennent d'en haut ou d'à côté.
Chaussés d'espadrilles, les habitants se déplacent
silencieusement, avec agilité, ce qui permet de réaliser des incursions
loin de la ligne de front. Ces « soldats aériens » - pour reprendre l'expression d'un témoin - parviennent ainsi à massacrer
des adversaires installés paisiblement autour d'une cheminée, dans une maison occupée par eux depuis plusieurs jours.
Par la suite, cette guerre revêt deux autres caractères nouveaux, nés de l'emploi du feu et de la mine.
Pour retarder la progression des Français d'une maison à l'autre, les habitants prennent l'habitude
d'enduire les murs de résine et de goudron et de disposer des fagots près des portes et des fenêtres ;
faites de briques, les maisons brûlent lentement en répandant une fumée épaisse qui aveuglent les envahisseurs.
Ceux-ci doivent alors lancer l'assaut dans des conditions périlleuses.
En matière de mines, par contre les assaillants ont l'avantage sur les défenseurs, moins experts.
Au début, les Français utilisaienst d'énormes charges qui, certes, détruisaient d'un coup plusieurs maisons,
mais les fantassins ne tiraient pas grand bénéfice d'une progression à travers des ruines. Ainsi, par la suite,
les mineurs prirent-ils l'habitude de ne détruire que le mur séparant la maison voisine de celle occupée
par leurs camarades. C'était se résigner à la conquête de la ville, maison par maison.
Vers la fin du mois de janvier, alors que Palafox est tombé gravement malade
et que les Français progressent inexorablement, il devient manifeste
que la résistance ne saurait se prolonger longtemps : 1 800 soldats seulement sont en mesure de poursuivre le combat,
la cavalerie ne dispose que de 260 chevaux et il ne reste que 500 kilos de poudre.
La junte ayant pris la décision d'ouvrir des négociations avec Lannes, les choses vont vite, et le 21 février,
les survivants sortent par la porte du Portillo qui était l'un des trois derniers points
stratégiques encore tenus par les Saragossains. ¦...¦
Officiellement
les pertes françaises s'élèvent à 3 200 hommes, mais les historiens
espagnols penchent pour le chiffre de 10 000.
Saragosse venait de tomber au terme d'un siège de 52 jours de tranchée
ouverte ; sur 52 jours, 29 ont été consacré à la destruction
et à la conquête de l'enceinte de la ville, et ensuite 23 à la progression, maison par maison.
Cette défense au cours de laquelle les Saragossains ont déployé plus d'efforts et consenti plus de sacrifices qu'au cours
du premier siège a été considéré, notamment par les historiens de la Péninsule, comme une des plus héroïques de tous les temps.
Évitant de se prononcer sur les mérites et erreurs de Palafox, les officiers supérieurs impériaux,
plus tard relayés par les historiens, s'accordent à reconnaître la tenacité et la bravoure des assiégés.
Thiers écrira pour sa part :
Rien dans l'histoire moderne n'avait ressemblé à ce siège, et il fallait dans l'Antiquité
remonter à deux ou trois exemples, comme Numance, Sagonte, ou Jérusalem,
pour retrouver des scènes pareilles. Encore l'horreur de l'évènement moderne
dépassait-elle l'horreur des évènements anciens de toute la puissance des moyens
de destruction imaginée par la science.
L'Europe au temps de Napoléon sous la direction de Jean TULARD, Paris, Les Éditions du Cerf, 2020 ;
la guerre au Portugal et en Espagne de J. R. AYMES p. 407 à 409
Dictionnaire Napoléon sous la direction de Jean TULARD, Fayard, 1999 ; article SARAGOSSE de Jean-René AYMES
■ PALAFOX, le vrai vainqueur du siège de Saragosse ?
Don José de Rebolledo Palafox y Melzi ou Melci (Madrid 28.10.1775 - Madrid 15.2.1847),
fils cadet d'une
vieille famille d'Aragon, est un général espagnol, duc de Saragosse.
C'est lui le héros de la bataille du siège de Saragosse.
Avec Saragosse et ses moins de 6 000 habitants mais se battant pour la plupart, ses 20 000 soldats
et ses 7 400 volontaires, Palafox a réussi à tenir en échec, durant 52 jours, une armée de plus de 40
000 hommes,
dirigée par le maréchal LANNES.
Général José de Palafox
Huile sur bois de Goya, musée du Prado à Madrid
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