LAMORENDIÈRE

Étienne François ROCBERT de LAMORENDIÈRE

Général de brigade né à Saint-Martin-de-Ré le 13 décembre 1769 (et non 1760) et décédé à Bordeaux le 2 janvier 1837.

Fils d'Étienne Honoré Emmanuel Rocbert de Lamorendière, capitaine de la légion de Saint-Domingue et de Jeanne Marie Brunet de La Socellière, Étienne François est baptisé le 14 décembre 1769. Son parrain est François Dupuy du Chambon de Mesiliac et sa marraine est Marie Joseph Carrière. Sergent volontaire au régiment du Cap le 25 décembre 1785, Étienne Rocbert est sous-lieutenant à ce régiment le 15 décembre 1786 et lieutenant en 1er le 26 septembre 1790. Il sert contre les insurgés haïtiens en 1791 et 1792. Il est nommé capitaine au 106e régiment d'infanterie le 9 février 1792 avant de se rendre en France fin 1792. Il rejoint l'armée des côtes de l'Océan puis la 13e demi-brigade de ligne à l'armée d'Italie le 21 novembre 1796. Puis il est affecté en Égypte où il devient chef de bataillon le 19 avril 1799. Blessé au siège de Saint-Jean-d'Acre le 8 mai 1799, il ne rentre en France que fin 1801. Major du 70e régiment de ligne le 22 décembre 1803, colonel en 2e le 21 mars 1809, il est colonel du 75e régiment de ligne le 28 décembre 1809. Lamorendière sert en Espagne de 1809 à 1812. Il est baron de l'Empire le 13 avril 1811 avec une dotation de 2000 francs sur le département du Trasimène. Il se marie le 13 avril 1812, après demande d'autorisation, avec Augustine Marie Joseph Ignace Zabala, née le 28 août 1781 à Guatemala au Mexique, fille d'Augustin et Marie Joséphine née Corona. Il est au combat de Vitoria le 21 juin 1813. Officier de la Légion d'honneur le 28 juin 1813, il est général de brigade le 25 novembre 1813 et sert dans la division Darricau puis Villatte à l'armée des Pyrénées. Blessé à la bataille de Toulouse le 10 avril 1814, il prend ensuite sa retraite mais reprend du service du 14 janvier au 12 avril 1831 comme commandant du département des Landes. La baronne de Lamorendière, sa veuve, écrit à Soult le 1er février 1842 pour demander que le nom de son mari soit inscrit sur l'Arc de Triomphe de Paris. Sa demande est enregistrée le 23 février 1842 et le nom de LAMORANDIÈRE est gravé sur le pilier sud, en bas de la colonne 22, selon la décision du 27 mai 1842, avec les 23 autres noms ajoutés au bas des tableaux. L'inscription était prévue initialement en dernière ligne, en colonne 27, à la place du nom St-LAURENT. Mais Blouet, l'architecte de l'Arc de Triomphe, signale que le nom de LAMORENDIÈRE est trop long pour être inscrit entre les deux croix d'honneur de la dernière ligne et c'est la raison pour laquelle les noms de St-LAURENT et de LAMORENDIÈRE ont été inversés.




Siège de Saint-Jean d'Acre où Lamorandière a été blessé le 8 mai 1799
(d'après lithographie de Nicolas Toussaint CHARLET, vers 1830).




 La baronne de LAMORENDIÈRE écrit au maréchal SOULT, le 1er février 1842

Augustina de Lamorendière, née le 28 août 1781 à Guatemala au Mexique, en Nouvelle-Espagne, est la fille d'Augustin de Zabala et de Josefa née Corona. Elle s'adresse dans un très bon français au maréchal Soult pour lui demander que le nom de son mari, décédé il y a 5 ans, soit inscrit sur l'Arc de Triomphe. Cette demande est très habile car elle souligne que l'action de son mari a contribué à renforcer la gloire de Soult durant la bataille de Toulouse :

« À Monsieur le Maréchal, duc de Dalmatie, Président du Conseil des Ministres, Ministre de la Guerre

Monsieur le Maréchal,

En parcourant dernièrement la liste des noms qui doivent être ajoutés à ceux déjà inscrits sur l'Arc de Triomphe, consacré à la gloire de l'armée française, je n'ai pu voir sans un vif regret et une profonde douleur que le nom de feu mon mari le général Baron de La Morendière y fut oublié.

Seule désormais sur la terre, vivant dans la retraite, étrangère à toute espèce d'ambition, je ne le serai jamais à ce qui touche l'honneur du nom que je porte. Quelque faible que soit ma voix, j'espère, Monsieur le Maréchal, qu'elle acquerra de la puissance en évoquant vos propres souvenirs à l'appui de la demande
que j'ose aujourd'hui vous présenter.

Fort jeune encore et avant la Révolution, Monsieur de La Morendière était déjà sous-lieutenant. Fidèle à son drapeau, malgré l'exemple de ses parents qui l'engageaient à passer sur la terre étrangère, il fit successivement toutes les campagnes d'Italie et se distingua particulièrement au siège de Mantoue.

Durant la campagne d'Égypte, il prit part à tous les combats qu'ils se livrèrent au siège de Saint-Jean-d'Acre, son éclatante bravoure lui mérita le premier sabre d'honneur qui fut donné et qu'il reçut au pied de la brèche des mains du général en chef Bonaparte.

Monsieur de La Morendière ne se montre pas avec moins d'éclat dans la guerre d'Espagne. Tous les rapports du général Belliard le citent pour de brillants faits d'armes et notamment pour la retraite du Cuenca, dans laquelle à la tête du 75e régiment, il résista pendant huit jours à 12000 hommes et se retira en bon ordre, sans perdre un seul soldat. Alors cette retraite fut comparée à celle des Dix Mille et récompensée de la baronnie de Thulbac avec dotation.

Lors de la retraite de l'armée d'Espagne en France, Monsieur de La Morendière se fit encore remarqué et fut mis à l'ordre du jour avec action d'éclat qui lui valut le grade de général de brigade.

Enfin à la mémorable bataille de Toulouse, où vous sûtes, Monsieur le Maréchal, vous couvrir d'une gloire nouvelle, Monsieur de La Morendière eut deux chevaux tués sous lui dans l'espace d'une heure et fut blessé lui-même très grièvement.

Tels sont les titres du général de La Morendière à la haute récompense réservée aux braves qui ont bien servi leur pays et bien mérité de sa reconnaissance. J'ose espérer que grâce à vous, Monsieur le Maréchal, il obtiendra le prix légitime de ses exploits militaires et que son nom trouvera sa place dans les fastes immortels de l'Arc de Triomphe.

Agréez, Monsieur le Maréchal, l'assurance du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, votre très obéissante servante.

 

signée Baronne Veuve de La Morendière
Paris, le 1er février 1842 »

 

A. FIERRO, A. PALLUEL-GUILLARD, J. TULARD : Histoire et dictionnaire du Consulat et de l'Empire, Paris, Robert Laffont, 1995

G. SIX : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, Paris, G. Saffroy, 1934

J. TULARD : Napoléon et la noblesse d'Empire, Paris, Tallandier, 2001

Service Historique de la Défense (Château de Vincennes) : dossier LAMORENDIÈRE Étienne François (8Yd1596)

(retour Arc de Triomphe)