1900 : Les concours de l'exposition internationale de Paris

 

Durant l'exposition internationale de Paris en 1900, des concours d'exercices physiques et de sports sont organisés.

Dans la section VII, Automobilisme, présidée par G. FORESTIER, inspecteur général des ponts et chaussées (Vices-présidents, le comte de DION
ingénieur-constructeur, RIVES, membre du Conseil d'administration de l'Automobile-Club de France, JEANTAUD, ingénieur-constructeur -
Secrétaire, de CHASSELOUP-LAUBAT, ingénieur)
le programme des concours pour les voitures de tourisme est le suivant :

Date  : Les 14, 15, 16, 18 et 19 mai 1900

Emplacement des concours : Le point de départ et d'arrivée de tous les concours désignés ci-après sera, autant que faire se pourra,
le bois de Vincennes (région du lac Daumesnil).

Règlement : Les règlements appliqués seront ceux de l'Automobile-Club de France.

Programme : 1ère catégorie : voitures à deux places pesant plus de 400 kilogrammes ; 2ème catégorie : voitures à 4 places pesant plus de 400 kilogrammes ;
3ème catégorie : voitures à six places pesant plus de 400 kilogrammes ; 4ème catégorie : voitures à plus de six places.
Ces différentes voitures accompliront pendant une semaine, du lundi au samedi, le jeudi excepté, cinq parcours de 150 kilomètres chacun ;
elles partiront de l'enceinte de Vincennes. Les parcours seront organisés de façon à accomplir 50 kilomètres dans la matinée, départ et retour à Vincennes,
et 100 kilomètres dans l'après-midi. Ce concours portera sur la consommation du combustible ou de l'agent d'énergie quelconque employé,
sur le fonctionnement du moteur, le confort de la voiture et la facilité de direction.
La vitesse ne pourra pas dépasser 20 kilomètres, dans les lieux habités et 30 kilomètres sur les routes, conformément aux termes du décret du 10 mars 1899.

Prix : 4 objets d'art ; 4 médailles de vermeil ; 4 médailles d'argent ; 4 médailles de bronze.



Voiture à vapeur Chaboche concourrant dans la 1ère catégorie (2 places - plus de 400 Kg)


Edmond CHABOCHE s'inscrit dans ce concours dans la catégorie des voitures de tourisme à deux places, avec une voiture chauffée à la houille,
construite et conduite par lui. Le modèle qu'il utilise de petite voiture à deux places est un modèle spécialement aménagé pour ce concours :
pas de garde-boue au-dessus des roues, marche-pied réduit, pas de capote, le tout pour obtenir un véhicule plus léger
mais cependant conforme au règlement avec un phare à l'avant et un feu de position à l'arrière.

Une avarie à l'essieu arrière, qui portait le différentiel, l'empêche d'accomplir tous les parcours.
Cependant les organisateurs notent « divers dispositifs trop intéressants pour être passés sous silence » :
- La chaudière dans laquelle on injectait l'eau au fur et à mesure des besoins, se composait de cinq séries de tubes d'acier enroulés en solénoïde.
- La pression de la vapeur produite variait de 10 à 30 atmosphères.
- Le moteur se composait de trois cylindres verticaux. Le nombre de coups était de 300 à la minute.
- La puissance totale était de 10 à 12 chevaux avec l'introduction de vapeur pendant 30% de la course.


Le véhicule le mieux placé dans ce concours est une voiture PEUGEOT (médaille d'or) avec une consommation de 0,11 à 0,12 litre par tonne-kilométrique,
soit 11 à 12 litres aux 100 Km pour un véhicule d'une tonne, ou plus exactement 5,94 à 6,48 litres aux 100 Km pour le véhicule de 540 Kg en compétition.
Le second (médaille de vermeil) est une voiture DELAHAYE avec une consommation
de 0,12 litre par tonne-kilométrique, soit 12 litres aux 100 Km pour un véhicule d'une tonne. En troisième position ex-aequo (médaille d'argent) on trouve
une voiture à vapeur SERPOLLET avec une consommation de  0,25 à 0,26  litre par tonne-kilomètrique,
soit 25 à 26 litres aux 100 Km pour un véhicule d'une tonne.
La voiture CHABOCHE (hors-concours) a une consommation de 0, 17 à 0,25 Kg par tonne-kilométrique,
soit 17 à 25 Kg de houille aux 100 Km pour un véhicule d'une tonne.

Ce concours de véhicules, pour obtenir la plus faible consommation, est très en avance sur son temps.
Les voitures à vapeur (SERPOLLET et CHABOCHE) sont mal placées selon cette caractéristique.
Le seul avantage de la voiture CHABOCHE est d'utiliser un combustible très bon marché, la houille.
Mais cet avantage ne semble pas évident pour ceux qui ont rédigé, en 1901, les commentaires de ces concours,
sous la direction du délégué général aux concours, M. Daniel MÉRILLON. Ils écrivent :
« Malheureusement, la conduite du feu dans la voiture à vapeur chauffée à la houille exige un chauffeur toujours un peu souillé de poussière noire.
Sa présence sur la voiture n'est pas très select et, malgré son économie, la voiture ainsi chauffée n'a pas de chance d'être adoptée par les touristes. »

Pour plus de détails, voir le document joint rédigé sous la direction du délégué général, M. Daniel MÉRILLON :
concours 1900
, en particulier les pages 337-338, 352-353, 380, 383.

 

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