HAXO

François Nicolas Benoît


Général de division (Lunéville (Meurthe-et-Moselle) 24.6.1774 - Paris 25.6.1838)




Le général Haxo, gravure du 19e siècle par Antoine Carrière

Fils de Nicolas Benoît Haxo, conseiller du Roi, maître particulier des eaux et
forêts au parlement de Lunéville, et de Marie Catherine, née Hurtevin-Montauban,
Haxo est élève sous-lieutenant à l’école d’artillerie de Châlons en septembre 1792. Il
sert à la défense de Landau, en décembre 1793, au blocus de Mayence en 1795 puis
revient à Paris suivre les cours de l’École polytechnique en 1796. En 1800, il combat
en Italie, au passage du Grand-Saint-Bernard, au siège du fort de Bard, au passage
du Mincio et est nommé chef de bataillon en mars 1801. En 1805, il sert au quartier
général de Masséna, à l’armée d’Italie. Haxo est envoyé en 1807, à Constantinople
auprès de Sébastiani pour fortifier la ville et les Dardanelles. En Espagne, il sert au
siège de Saragosse en 1808 et est nommé colonel en mars 1809. Il est commandant de
Saragosse durant les combats de Maria-Belchite. Au siège de Lérida il décide, sous
les ordres de Suchet, de l’endroit de l’attaque finale qui conduit à la capitulation de la
place, le 14 mai 1810. Après le siège et la prise de Mequinenza, il est nommé général
de brigade le 23 juin 1810. Baron de l’Empire le 13 mars 1811, Haxo effectue, à la
demande de Napoléon de mars 1811 à mars 1812, une mission de reconnaissance
des places et forteresses de Prusse et de Pologne, en particulier Dantzig, Thorn

et Modlin. Il commande le génie du 1er Corps de Davout, durant la campagne de
Russie. Il sert à Mohilew, Smolensk, la Moskowa et est nommé général de division
le 5 décembre 1812. Atteint de typhus fin décembre 2012, il revient de Koenigsberg
à Paris et en guérit. Gouverneur de Magdebourg en mars 1813, Haxo organise les
défenses de la place de Hambourg en juin et est blessé et fait prisonnier à Kulm, le
30 août 1813. Libéré en juin 1814, Haxo commande le génie de la Garde impériale
aux Cent-Jours et sert à Waterloo. Inspecteur général des places fortifiées de 1816 à
1831, Haxo épouse le 28 janvier 1818 à Paris, Pervenche Éléonore Benjamine Frotier
de La Coste-Messelière qui épousera après le décès d’Haxo, le maréchal Vaillant.
Elle lui donne un fils, Camille Eugène Hippolyte, attaché à la légation de France
près de la Porte Ottomane (1832-1851). Haxo dirige encore le siège d’Anvers en
décembre 1832. Surnommé le « Vauban du XIXe siècle », il est l’inventeur d’un
nouveau système de fortifications avec des batteries placées dans des casemates :
ce sont les casemates dites « casemates Haxo », ou « Haxo batteries » en anglais,
« Haxo Kasematten » en allemand. Il consigne ses réflexions dans un manuscrit
intitulé Études. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris qui donne en
1865, le nom de Haxo à une rue dans le 19e arrondissement puis à une impasse
dans le 20e arrondissement. Lunéville (54300) a une rue François-Nicolas-Benoît-
Haxo, Nancy (54000), Épinal (88000), Nantes (44000) ont une rue du Général-Haxo.
Grenoble (38000) a une rue Haxo. Belfort (90000) a une rue du général François
Benoît Haxo. Le nom de HAXO est inscrit sur l'Arc de Triomphe
(pilier ouest, colonne 36).


■ L'art de la fortification développé dans le monde entier jusqu'au Japon

Le système de fortification inventé par Vauban et amélioré par Haxo figure dans une encyclopédie américaine de 1861




Bastion Haxo, gravure par Jewett et Hemming, 1861
Les valeurs entre parenthèses sont les distances, celles  qui ne le sont pas  sont les niveaux, référence 20 m
(extrait du livre de Yannick Guillou Haxo 1774-1838 Successeur de Vauban)

La forteresse de Goryokaku à Hakodate dans l'île d'Hokkaido au Japon a été construite de 1857 à 1864 par l'architecte Ayasaburo Takeda.
Son plan à cinq branches s'inspire des forteresses européennes de type Vauban amélioré par Haxo.


Forteresse de Goryokaku à Hakodate - Mai 2025
Le système de demi-lune au premier plan ressemble au plan du bastion Haxo ci-dessus.
Les arbres en blanc sont des cerisiers en fleurs (sakura en japonais).
En arrière-plan, la ville d'Hakodate (28 000 habitants en 1865 et 245 000 en 2022)



Les canaux entourant la forteresse de Goryokaku sont un des éléments clés des fortifications Vauban / Haxo
pour éloigner l'artillerie ennemie dont la portée ne dépassait pas souvent les 100 à 200 m.




Plaque d'égout d'Hakodate figurant la forteresse de Goryokaku avec ses cinq branches. Cette plaque d'égout en fonte
est peut-être contemporaine des plaques fabriquées par les fonderies Émile Hénon qui en a livré jusqu'à Shangaï en Chine.




Structure des murailless de la forteresse d'Hakodate. Les pierres extérieures sont disposées  plus ou moins horizontalement
sans laisser d'aspérités extérieures pour éviter que d'éventuels assaillants ne s'en servent pour escalader ces murailles.
L'intérieur est rempli de terre et les murailles sont entourées d'eau.



L'architecte Ayasaburo Takeda s'entoure de conseillers européens, hollandais, français, allemands et peut-être anglais.
Les canons présentés dans la forteresse de Goryokaku sont allemands (Krupp) et anglais.


Canons présentés dans l'enceinte de Goryokaku
Le canon anglais à gauche de calibre 80 mm environ a une portée de 100 m. Celui de droite, allemand de Krupp,
de même calibre, de 80 mm environ a une portée largement supérieure à 100 m


■ Jules BRUNET, chef de l'artillerie dans la bataille d'Hakodate en 1869

L'officier d'artillerie Jules Brunet, né le 2 janvier 1838 à Belfort, mort le 12 août 1911 à Fontenay-sous-Bois
est célèbre pour avoir participer à la guerre du Boshin, au Japon où il devient un acteur central du conflit
opposant les forces impériales aux partisans du shogunat.
Issu d'une famille de militaires, il intègre l'École polytechnique en 1855
puis l'École d'application de l'artillerie et du génie de Metz
où il étudie les fortifications selon les modèles de Haxo.


Le capitaine Jules Brunet

Debut 1866,  Jules Brunet fait partie de la mission envoyée au Japon sous les ordres du capitaine Jules Chanoine
qui arrive à Yokohama debut janvier, afin d'instruire l'armée du shogun Yoshinobu Tokugawa.
L'empereur Meiji détient le pouvoir symbolique et spirituel, et celui du shogun est le pouvoir politique.
L'empereur Meiji est soutenu par les Britanniques, tandis que le shogun Yoshinobu Takugawa sollicite
l'aide des Français pour l'instruction de ses troupes et la modernisation de son armement.



Jules Brunet est assis au millieu d'officiers japonais. C'est le second en partant de la gauche, avec trois autres Français moustachus debout.
Ce sont trois des neuf officiers accompagnant Jules Brunet  parmi Cazeneuve, Fortant, Marlin, Bouffier, Collache, Nicol, Clateau, Pradier et Tribout.
À droite de Jules Brunet figure probablement le chef des troupes japonaises pour le shogun, Toshizo Hijikata (photo vue au musée de Goryokaku - mai 2025)


Lorsque la guerre du Boshin éclate en 1868, Jules Brunet se retrouve plongé au cœur des hostilités. Malgré les ordres
de son gouvernement qui prône la neutralité, il décide de rester au côté du shogun Tokugawa après la défaite initiale
de Tobo-Fushimi. Il devient le chef de l'artillerie de la république d'Ezo, éphémère état formé avec les partisans du shogun
sur l'île d'Hokkaido avec Hakodate pour capitale (Ezo est l'ancien nom d'Hokkaido, avant 1869, et signifiait (l'île) des
nabots barbares, probablement en référence aux anciennes populations locales, les Aïnous d'origine sibérienne.)
Après la défaite de ses troupes lors de la bataille d'Hakodate en 1869, Jules Brunet est capturé par les impériaux
mais échappe à une exécution grâce à l'intervention du gouvernement français.
Jules Brunet participe ensuite à la guerre franco-allemande de 1870 en défendant son pays lors du siège de Paris.
Il terminera sa carrière comme général de division et grand officier de la Légion d'honneur, le 29 janvier 1903.


■ Le département du Territoire de Belfort existe grâce à Haxo



Casemates conçues par Haxo sur les murailles de Vauban à Belfort (extrait de Yves Guillou : HAXO 1774-1838 Successeur de Vauban)

Le siège de Belfort commence le 3 novembre 1870 et se termine le 18 février 1871. La ville de Belfort résiste durant 104 jours
jusqu'à ce que le gouvernement français donne l'ordre de reddition de la place après l'armistice signée entre les belligérants le 28 janvier 1871.
Le colonel Pierre Philippe Denfert-Rochereau nommé gouverneur de la place en 1870 entreprend
la réalisation de fortifications supplémentaires mais c'est grâce aux fortifications de Vauban améliorées par Haxo
que la résitance à l'impact des obus ennemis a permis de tenir 104 jours. En reconnaissance de la résistance de Belfort,
le gouvernement prussien laisse à la France le territoire de Belfort, en échange de territoires situés en Moselle.
Le territoire de Belfort devient un nouveau département avec Belfort comme préfecture,
alors que Belfort était une sous-préfecture du Haut-Rhin depuis 1790.
De nombreux Alsaciens viendront s'y installer après 1871
(5 850 habitants en 1865, 8 000 en 1872, 20 000 en 1900 et 39 400 en 1913).


Y. GUILLOU : HAXO 1774-1838 Successeur de Vauban, Edhisto, 2015

P. LAROUSSE : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administraion du Grand dictionnaire universel, 1865 à 1878

Petit Larousse illustré, publié sous la direction de Claude AUGÉ, Paris, Librairie Larousse, 1913

G. SIX : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, Paris, Georges Saffroy, 1934

Service Historique de la Défense (Château de Vincennes) : dossier HAXO (7Yd561)

Dossier de la Légion d'honneur : Base Léonore - Jules Brunet

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Brunet

https://fr.wikipedia.org/wiki/
Siege_de_Belfort_(1870-1871)



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