HENRY
Claude François
Colonel, né le 12 mai 1773 à Champlitte, mort au camp de Valence, des suites de ses blessures, le 2 janvier 1812.
Claude François Henry est né et baptisé le 12 mai 1773 à Champlitte, département actuel de Haute Saône.
Son père est
Claude François Henry notaire et sa mère est Jeanne Claude
Millerand.
Il a pour parrain Jean-François Henry notaire et pour marraine
Anne-Marie Clément née Lompré.
Siège et prise de Valence par l'armée française sous les ordres du maréchal d'Empire comte Suchet, le 9 janvier 1812.
(Estampe anonyme au musée Carnavalet à Paris)
Le 9 janvier 1812, le général Joaquin Blake y Joyes signe la capitulation de Valence, « avec plus de 16 270 prisonniers
dont 23 généraux et pas moins de 374 canons. »
(Alain Pigeard Dictionnaire des batailles de Napoléon)
■ Le colonel HENRY ou le général Henry de WOLODKOWICZ ?
Dès l'inscription en 1836 sur l'Arc de Triomphe de la première
liste de 384 noms préparée par Saint-Cyr-Nugues
à la demande de Thiers, les
critiques fusent : « Pourquoi avoir inscrit Turreau, le chef des colonnes
infernales
qui s'est tristement illustré contre les Vendéens ? »
(pilier est,
haut de la colonne 15)
« Pourquoi y a-t-il autant de noms oubliés, plus célèbres
et plus titrés que les noms inscrits ? »
Pour le nom Henry, la critique est assez
curieuse.
La comtesse et veuve de Wolodkoowicz croit reconnaître son mari,
général
polonais né en Lituanie pour la raison qu'il était plus connu
sous le nom Henry,
à cause de la difficulté que certains éprouvaient pour prononcer son nom.
Voici
la copie de la lettre qu'elle adresse le 30 août 1836 :
Ce 30 août 1836
Déjà inscrit
Rectification
Monsieur le Ministre,
La reconnaissance nationale a fait inscrire sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile le nom des généraux qui ont pris une part honorable aux triomphes de la grande armée. Jean, Henri Wolodkowicz mon mari, maréchal de camp au service de France ne pouvait être oublié. Sorti des rangs de cette bonne nation polonaise qui s'était si bien identifiée avec la France, il avait été adopté par elle ; mais la difficulté de prononcer son nom avait fait prendre à ses camarades l'habitude de l'appeler seulement le général Jean Henri. C'est sous ces noms seuls qu'il est inscrit sur la pierre mémorative, mais ce ne sont en définitive que ses prénoms et il importe au juste orgueil de sa famille comme au respect dû à sa mémoire, il importe à sa veuve et à son fils servant encore la France que le nom de famille soit inscrit et joint à ses prénoms.
Plein de confiance dans la justice de votre Excellence, j'ose espérer qu'elle daignera m'accorder ma demande. Je suis toute prête à fournir les pièces nécessaires et qui seraient jugées utiles, pour opérer cette rectification. Monsieur le Ministre, je prie votre Excellence d'agréer l'assurance du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être votre très humble servante.
signé Ctsse De Wolodkowicz, rue du Faubourg Montmartre 41
Cette demande de changement peut s'appuyer sur deux faits : dans les lettres qu'il a laissées Wolodkowicz signe volontiers du nom de Henry en gros au-dessus d'un paraphe illisible. Un ordre au nom de Napoléon est adressé en 1806 au général Henry et non au général de Wolodkowicz. En marge de cet ordre est ajouté que Henry et de Wolodkowicz sont le même personnage.
En 1893 puis le 27 juillet 1899, un certain J. Henry ayant trois fils, Claude François, Guillaume et André et vivant en Angleterre écrit à la section historique du ministère de la Guerre à Paris pour savoir si le nom Henry inscrit sur l'Arc de Triomphe de Paris correspond à son père François Henry, mort à Besançon le 21 novembre 1820 ou au frère de son père Joseph Henry. La réponse du ministère est faite le 9 août 1899. Le nom inscrit sur l'Arc de Triomphe ne correspond ni à celui de son père ni à celui de son oncle mais concerne Wolodkowicz dit Henry. C'est une copie de cette lettre figurant au dossier du général Wolodkowitch (Wolodkowicz) au Service Historique de la Défense au château de Vincennes qui a probablement conduit Georges Six à indiquer dans son Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire que le nom Wolodkowicz était inscrit sur l'Arc de Triomphe sous le nom de Henry.
■ Conclusion : c'est bien le colonel HENRY dont le nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe
En 1895, Léon Hennet dans le Carnet de la Sabretache
3e Volume, publie la liste des inscriptions sur l'Arc de Triomphe.
Pour Henry, il mentionne le
général de division Jean Henry Wolodkowicz dit Henry.
Il indique en note que ce nom figure dans le
répertoire général par ordre alphabétique des noms inscrits sur l'Arc de Triomphe,
dressé lorsque la
Commission présidée par le maréchal Oudinot eut terminé ses travaux.
Il ajoute cependant : « C'est
sans doute l'objet d'une erreur causée par une demande formée par la veuve du général,
à l'effet de
faire substituer le nom de Wolodkowicz à celui d'Henry, celui-ci n'était que l'un de ses prénoms
que
le général avait adopté comme nom, en raison de la difficulté de prononcer le véritable.
Henry
figure sur la liste des premières inscriptions dressée par la général Saint-Cyr-Nugues ;
de plus, la
place est au côté Ouest, le nom est souligné sur l'original de la liste et sur l'Arc-de-Triomphe.
Tout porte à croire par suite que l'intention du général Saint-Cyr-Nugues était de mentionner
le
colonel Henry (Claude-François), chef d'état-major du génie de l'armée d'Aragon,
blessé mortellement
dans la tranchée devant Valence, le 1er janvier 1812, et décédé le lendemain ».
Danielle et Bernard Quintin dans leur Dictionnaire des
colonels de Napoléon
en 1996 ont montré que
c'était le colonel Claude François Henry qui
était inscrit sur l'Arc de Triomphe.
L'erreur initiale de 1836 ou le
doute n'ont donc été expliqués que près de 160 ans après.
Ceci est excusable car Saint-Cyr-Nugues n'a laissé que très peu d'information
sur la façon dont le choix des 384 premiers noms a été fait.
L'ordre
n'est pas alphabétique mais les noms ont été disposés, selon les
propres mots de Saint-Cyr-Nugues,
« chronologiquement, géographiquement
et jusqu'à un certain point hiérarchiquement ».
On peut ainsi remarquer
que toutes les colonnes situées les plus à droite dans chaque tableau
en 1836
(colonnes 08, 18, 28, 38) contiennent une grande majorité de
noms soulignés correspondant
à des hommes tués au combat,
majoritairement en Espagne pour la colonne 38,
ce qui renforce la thèse
de la présence du colonel Henry, même si ce dernier est le seul colonel
figurant dans cette colonne 38. L'article sur le colonel Henry de
Bernard Quintin
a été repris dans le Dictionnaire Napoléon par Jean Tulard.
Lorsque la commission présidée par Oudinot a poursuivi le
travail de Saint-Cyr-Nugues
pour inscrire de nouveaux noms sur l'Arc de
Triomphe,
elle n'a retenu aucun nom de colonel.
Le ministère de la Guerre puis
Georges Six ont ainsi pu croire
qu'il n'y avait pas de colonel inscrit sur l'Arc
de Triomphe.
La difficulté de reconnaître le nom du colonel Henry inscrit
sur l'Arc de Triomphe
n'est pas unique. C'est aussi par exemple le cas du chef de brigade (colonel)
Desnoyers.
A. D. février 2005
A. PIGEARD : Dictionnaire des batailles de Napoléon, Paris, Tallandier, 2004
D. et B. QUINTIN : Dictionnaire des colonels de Napoléon, Paris, S.P.M., 1996
G. RIVOLLET : L'Arc de Triomphe et les oubliés de la gloire, Paris, J. Peyronnet et Cie, 1969
G. SIX : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, tomes 1 et 2, Paris, G. Saffroy, 1934
J. TULARD : Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, 1999
J. TULARD : Napoléon et la noblesse d'Empire, Paris, Tallandier, 2001
Carnet de la Sabretache 3e Volume, Paris, Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie, 1895
Service Historique de la Défense au château de Vincennes : dossiers HENRY Claude François (2Ye) et WOLODKOWITCH (8Yd1069)
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