PROJET DE COURONNEMENT DE L'ARC DE TRIOMPHE



Comme tout arc romain, l'Arc de Triomphe devait être couronné par un quadrige
représentant un triomphe avec les vaincus derrière le char.

1. Projet de SEURRE




Ce projet date de 1833 et représente un char tiré par six chevaux et conduit par la France victorieuse tenant
dans sa main droite les drapeaux de la République et de l'Empire et de sa main gauche les tables constitutives
de ces deux périodes de la Révolution.
Bernard Gabriel Seurre a sculpté pour l'Arc de Triomphe le haut-relief  de la bataille d'Aboukir
sur le pilier gauche de l'Arc de Triomphe en venant des Champs-Élysées.




2. Projet de BLOUET






Extrait du premier dessin réalisé par Blouet, mais peu différent de son projet



Le projet de BLOUET date de 1832-1836.
Il représente la France constitutionnelle en toge, triomphant et dominant des aigles et des Renommées sur leurs chevaux ailés.
 Comme dans le projet Seurre, la France tient dans une main les drapeaux de la République et de l'Empire et dans l'autre
la table des lois constitutives de ces deux périodes de la Révolution,
mais les bras droit et gauche sont inversés par rapport au projet de Seurre et au dessin de Blouet.
Guillaume Abel Blouet a été chargé, le 31 juillet 1832, du choix des sculpteurs pour décorer les facades de l'Arc de Triomphe.
C'est aussi lui qui a eu l'idée en 1835, d'inscrire 384 noms de héros à l'intérieur des piliers de l'Arc de Triomphe
qui semblaient très nus en comparaison de l'extérieur de ces piliers..





Cette gravure du  retour des Cendres de Napoléon Ier, le 15 décembre 1840 représente
le convoi sous l'Arc de Triomphe avant le  dépôt du cercueil aux Invalides.
Cette gravure montre que l'Arc de Triomphe est couronné par le projet de Blouet.
Elle fait probablement partie ou a été copiée à partir d'un cahier iconographique
où sont reproduites des gravures de Levilly parues en 1841 dans un petit album intitulé
Tableaux historiques des funérailles de Napoléon par M. Saint-Maurice,
chez Jules Renouard, Paris et Leipzig



3. Projet de FALGUIÈRE




D'autres projets de couronnement ont été réalisés par HUYOT en 1826, MEDOUS en 1830, CHAUVIN en 1834, BARYE en 1852,
BARRE en 1853, Elias ROBERT, élève de DAVID d'ANGERS en 1858, sans compter RUDE, FARCY et DAVID d'ANGERS lui-même.
Mais c'est Alexandre FALGUIÈRE (1831-1900) qui a réalisé le projet le plus élaboré avec une maquette de couronnement en plâtre
qui a couronné l'Arc de Triomphe durant quatre ans, de 1881 à 1886. Cette maquette a été abondamment représentée
et même photographiée durant les funérailles de Victor HUGO.



« La République tenant ferme le drapeau de la France, est assise sur un char traîné par quatre chevaux lancés au galop.
Ils se cabrent, modérés par la Justice et la Liberté. Le char va broyer deux monstres renversés qui symboliusent l'Anarchie et le Despotisme.
Derrière le char, on remarque deux épisodes, le Départ pour le combat et la Lutte ; un ouvrier s'arrache des bras de sa femme et de ses enfants
et brandit l'arme qui doit défendre la patrie ; un soldat tombe au champ d'honneur, soutenu par un compagnon d'armes.
La maquette de ce quadrige a figuré au Salon des Arts décoratifs de 1882 ; l'œuvre elle-même a servi de couronnement à l'Arc de Triomphe,
sous la forme provisoire du plâtre, de 1881 à 1886. M. Falguière a été nommé en 1882, membre de l'Académie des Beaux-Arts. »

(Fin de l'article FALGUIÈRE (Jean-Alexandre-Joseph) de Pierre LAROUSSE Deuxième Supplément - tome 17)


Conclusion

Le projet de couronnement de l'Arc de Triomphe a été abandonné en 1886 mais jamais officiellement.
Même un curieux projet de couronnement avec une silhouette en transparence
de la France bordée de bleu, blanc et rouge, a été proposé en 1989 par Michel MAROT !
Le projet d'Alexandre FALGUIÈRE, le plus élaboré et le plus conforme à la logique des arcs romains,
pourrait être repris en faisant un moule à partir d'une reproduction de ce modèle et en coulant du bronze
pour réaliser une structure que l'on pourrait poser sur le haut de l'Arc de Triomphe au moyen d'un hélicoptère.
Ce serait beaucoup plus simple que ce qui était envisagé en 1886. Enfin le bronze pourrait être remplacé par du titane noir
plus léger, ce qui éviterait les problèmes ultérieurs d'oxydation malgré un coût un peu plus élevé.




M. GAILLARD : L'Arc de Triomphe - Guide Historique, Amiens, Martelle Éditions, 1998

G. MARTINEAU : Le Retour des Cendres, Paris, Éditions Tallandier, 1990

P. LAROUSSE : Grand  Dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration  du Grand dictionnaire universel, 1865 à 1890

(janvier 2025)


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