RÉNÉ



Jean Gaspard Pascal RENÉ dit RÉNÉ
Général de brigade, brûlé vif par des guérilleros (Montpellier 20.6.1768-La Carolina
(Espagne) 29.6.1808)

Fils de Gaspard Jean René, professeur en médecine, et de Suzanne, née Sabatier,
René est sous-lieutenant au régiment d’Aquitaine en janvier 1792. Il sert à l’armée
des Alpes, au siège de Toulon et est capitaine en décembre 1793. À l’armée des
Pyrénées orientales en 1794-1795, il est blessé au siège de Roses en janvier 1795.
À l’armée d’Italie, il se distingue à Rivoli le 14 janvier 1797, en capturant 1800
Autrichiens. Après l’armée d’Helvétie, René fait la campagne d’Égypte. Chef d’escadron
en novembre 1798, René est chargé des détails de la tranchée au siège de
Saint-Jean-d’Acre en mars 1799. Adjudant-général chef de brigade le 2 septembre
1799, il est chargé par Kléber de négocier la capitulation du Caire et est remis en
otage aux insurgés en mai 1800. Chef d’état-major provisoire de l’armée d’Orient
en avril 1801 et confirmé en juillet 1801, René est nommé par Menou, général de
brigade provisoire le 7 septembre 1801. Confirmé dans son grade le 16 septembre
1801, il sert à la Grande Armée en 1805-1807. En octobre 1806, René est commandant
à Potsdam puis à Leipzig. Baron de l’Empire par simple décret du 19 mars 1808, il est
affecté en Espagne. Au cours du trajet pour rejoindre son Corps en Andalousie,
il est pris dans une embuscade et plongé dans une chaudière pleine d’huile bouillante.
Montpellier (34000) a une rue du Général-René.
Le nom RÉNÉ est inscrit sur l'Arc de Triomphe en 1841 (pilier ouest, colonne 39).
Son nom aurait pu être souligné comme mort au combat.







René, sous-chef de l'État-major général en Égypte



Portrait de Jean Gaspard Pascal René par André Dutertre.
Il fait partie des 184 portraits réalisés pendant la campagne d'Égypte de 1798 à 1801.







Voici la copie d'un ordre du jour contre-signé par l'adjudant-général René suite à la victoire de Verdier à Lesbeh, le 1er novembre 1799
et à la mort de Desnoyers :

Extrait de la lettre du général de brigade Verdier commandant de l'arrondissement, au général en chef Kléber

Ordre du jour du 15 brumaire an 8
5 novembre 1799
 

J'avais eu l'honneur de vous faire connaître, mon Général, que les braves que j'avais avec moi étaient disposés à ne compter leurs ennemis que
quand ils auraient vaincus. Eh bien ! ils ont tenu parole.
Ce matin, à la pointe du jour, 3000 Turcks ont été jetés sur la plage du premier convoi des chaloupes, avant que le second convoi ait pu arriver.
Ce premier a été attaqué et détruit. 800 hommes ont été pêchés dans la mer et faits prisonniers ; le reste a péri par la baïonnette ou le sabre,
car il ne s'est pas tiré un coup de fusil de notre côté.
Nous avons eu très peu d'hommes tués ; mais parmi eux nous comptons avec un regret particulier, le brave chef de la 2e légère, le citoyen Desnoyers.
Il paraît que l'ennemi se dispose à une nouvelle descente que l'intrépide valeur de nos soldats saura faire échouer comme la première.
Demain, avec les détails du combat, j'aurai l'honneur de vous faire connaître les braves qui se sont distingués, par quelques actions d'éclat :
il y en a beaucoup ; car 15 minutes au moins la baïonnette et le sabre ont joué dans une sûreté dont je n'ai point encore vu d'exemple.
Signé Verdier
Le chef de division chef de l'état-major général
Signé Damas
Pour copie conforme au registre d'ordres
L'adjudant Général, sous-chef de l'État-major général
Signé René

Pour copie conforme à un exemplaire à imprimer

En marge : L'original de la dépêche du général Verdier
est du 11 brumaire (2 novembre)
Voyez à cette date.




La mort (possible) du général René


  « Il (le général René) venait rejoindre l'armée de Dupont avec sa femme et son enfant et fut arrêté dans les gorges de la Sierra Morena ¦...¦
Il fut scié en deux devant sa femme, après l'avoir vue deshonorée, ensuite l'enfant fut coupé en deux devant sa mère,
qui fut sciée en deux comme son mari.  Pour d'autres, le général René a été démembré et jeté dans une chaudière d'huile bouillante,
autre supplice couramment pratiqué. Les Français, dès qu'ils font des prisonniers, ne sont pas en reste.
Pour la première fois, ils sont confrontés à une forme de guerre inconnue où la sauvagerie et la cruauté sont la règle. »
(François MALYE Napoléon & la folie espagnole).

Ainsi un lieutenant de cavalerie trouvera René ayant été coupé successivement par quartier et jeté dans l'huile bouillante :
 https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/
academie_edition/fichiers_conf/NIQUE-V2-CHAMPOLLION-2022.pdf


Marescot, en rejoignant l'armée de Dupont en mai 1808, avant la capitulation humiliante de Bailén, a eu très peur de subir le sort du général Réné.
En effet Séville s'est soulevée le 26 mai 1808, Valence le 27 mai, Cadix le 28 mai, Grenade le 30 mai.
À Cordoue, François Malye écrit que le 7 juin s'y déroulent fusillades, pillages et vols et que particulièrement le vol des vases sacrés
de la cathédrale rend les Espagnols furieux : « Ils eussent préféré qu'on leur viole leurs femmes plus que les églises ».
De nombreux Français ont été massacrés durant ces quelques jours et Marescot n'est sorti de Madrid que le 1er juin 1808
pour rejoindre l'armée de Dupont qui est surchargée de voitures contenant les objets pillés à Cordoue.
Le docteur Treille, attaché à l'ambulance de la 1ère division, estime que

cette « petite armée avait plus de bagages qu'une armée de 150 000 hommes » !
  À la signature de l'acte de capitulation de Bailén, le 22 juillet 1808, le 11e point précise que
« Messieurs les officiers généraux conserveront chacun une voiture et un fourgon ; messieurs les officiers de l'état-major,
une voiture seulement sans être soumis à aucun examen » !
Napoléon n'admettra jamais un tel niveau de pillage en Andalousie,
niveau jamais atteint dans aucune campagne de la Révolution et de l'Empire.
Dupont et Marescot seront destitués et mis en prison.
Marescot sera ensuite mis en exil à Tours le 1er mars 1812,
il ne retrouvera ses titres qu'à la chute de l'Empire en 1814.
Quant à Dupont dit Dupont de L'Étang, il restera en prison jusqu'à la chute de l'Empire
et c'est seulement le 26 janvier 1814 que son régime sera assoupli en résidence surveillée à Dreux.


La version de la mort de René coupé en deux ou en plusieurs morceaux,
ci-dessus, n'est pas mentionnée, ni dans le dossier du général René à Vincennes,
ni dans le dictionnaire Six,
mais la version espagnole est plausible
si l'on considère qu'il n'y a eu aucun témoin français pour confirmer les faits !

  




Colonne de dragons traversant Séville
Illustration de Albert BRENET, peintre officiel de l'Armée, 1961
extraite de Octave AUBRY, Napoléon, Paris,  1936 - Librairie Ernest Flammarion, 1961




Service Historique de la Défense au château de Vincennes : dossier RENÉ général de brigade (8Yd912)
et Courrier de l'armée d'Égypte B6-35-06


Gérard ERMISSE, Marescot le Vauban de Napoléon, Paris, Éditions Pierre de Taillac, 2023
François MALYE, Napoléon & la folie espagnole, Paris, Éditions Tallandier, 2007
Georges SIX,  Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français
de la Révolution et de l'Empire
, tome 2, Paris, G. Saffroy, 1934









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