■ La mort (possible) du général René
« Il (le général René) venait rejoindre l'armée de
Dupont avec sa femme et son enfant et fut arrêté dans les gorges de la
Sierra Morena ¦...¦
Il fut scié en deux devant sa
femme, après l'avoir vue deshonorée, ensuite l'enfant fut coupé en deux
devant sa mère,
qui fut sciée en deux comme son mari. Pour d'autres, le
général René a été démembré et jeté dans une chaudière d'huile
bouillante,
autre supplice couramment pratiqué. Les Français, dès
qu'ils font des prisonniers, ne sont pas en reste.
Pour la première
fois, ils sont confrontés à une forme de guerre inconnue où la
sauvagerie et la cruauté sont la règle. »
(François MALYE Napoléon & la folie espagnole).
Ainsi un lieutenant de cavalerie trouvera René ayant été coupé
successivement par quartier et jeté dans l'huile bouillante :
https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/
academie_edition/fichiers_conf/NIQUE-V2-CHAMPOLLION-2022.pdf
Marescot, en rejoignant l'armée de Dupont en mai 1808, avant la
capitulation humiliante de Bailén, a eu très peur de
subir le sort du général Réné.
En effet Séville s'est soulevée le 26
mai 1808, Valence le 27 mai, Cadix le 28 mai, Grenade le 30 mai.
À
Cordoue, François Malye écrit que le 7 juin s'y déroulent fusillades,
pillages et vols et que particulièrement le vol des vases sacrés
de la
cathédrale rend les Espagnols furieux : « Ils eussent préféré qu'on
leur viole leurs femmes plus que les églises ».
De
nombreux Français ont été massacrés durant ces quelques jours et
Marescot n'est sorti de Madrid que le 1er juin 1808
pour rejoindre
l'armée de Dupont qui est surchargée de voitures contenant les objets
pillés à Cordoue.
Le docteur Treille, attaché à l'ambulance de la 1ère
division, estime que
cette « petite armée avait plus de bagages qu'une
armée de 150 000 hommes » !
À la signature de l'acte de capitulation
de Bailén, le 22 juillet 1808, le 11e point précise que
« Messieurs les
officiers généraux conserveront chacun une voiture et un fourgon ;
messieurs les officiers de l'état-major,
une voiture seulement sans
être soumis à aucun examen » !
Napoléon n'admettra jamais un tel
niveau de pillage en Andalousie,
niveau jamais atteint dans aucune
campagne de la Révolution et de l'Empire.
Dupont et Marescot seront
destitués et mis en prison.
Marescot sera ensuite mis en exil à Tours
le 1er mars 1812,
il ne retrouvera ses titres qu'à la chute de l'Empire
en 1814.
Quant à Dupont dit Dupont de L'Étang, il restera en prison
jusqu'à la chute de l'Empire
et c'est seulement le 26 janvier 1814 que
son régime sera assoupli en résidence surveillée à Dreux.
La version de la mort de René coupé en deux ou en plusieurs morceaux,
ci-dessus, n'est pas mentionnée, ni dans le
dossier du général René à Vincennes,
ni dans le dictionnaire
Six,
mais la version espagnole est plausible si l'on considère qu'il n'y a eu aucun témoin français pour confirmer les faits !
Colonne de dragons traversant Séville
Illustration de Albert BRENET, peintre officiel de l'Armée, 1961
extraite de Octave AUBRY, Napoléon, Paris, 1936 - Librairie Ernest Flammarion, 1961
Service Historique de la Défense au château de Vincennes : dossier RENÉ général de brigade (8Yd912)
et Courrier de l'armée d'Égypte B6-35-06
Gérard ERMISSE, Marescot le Vauban de Napoléon, Paris, Éditions Pierre de Taillac, 2023
François MALYE, Napoléon & la folie espagnole, Paris, Éditions Tallandier, 2007
Georges SIX, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français
de la
Révolution et de l'Empire, tome 2, Paris, G. Saffroy, 1934