… et le dernier espoir avant la fin : les réfrigérateurs

 

 

La situation en 1951

La reprise économique après guerre commence à faire sentir ses effets. L’entreprise CHABOCHE voit ses ventes augmenter, mais la situation est loin d’être florissante. Le chiffre d’affaires peut être estimé à 84 millions de Francs (2,04 millions d’Euros de 2017), ce qui est très en dessous de celui des années 1920, avec des charges lourdes de locaux (Clichy, rue Rodier à Paris, sans compter MANIL à Vivier-au-Court) et de personnel (environ 120 personnes représentant un coût annuel estimé à 45 MF ou 1,09 M€ de 2017). Sans dégager de bénéfices, l'exercice 1951 est cependant équilibré.

Les activités peuvent se résumer en quatre points :

■  La fabrication des salamandres

1166 sont livrées en 1951, contre 14 000 en 1924 :

Neo-Kritos, Kritos Nord et dérivés : 648

Tritonia : 184

Mega Kritos et dérivés : 103

Y : 67

Renaissance : 63

Louis XV : 42

NLF ( ?) : 36

Minim : 20

Fanchon : 3

 

Le prix moyen d’une salamandre peut être estimé à environ 23 000 F (558 € de 2017), soit un chiffre d’affaires de 27 millions de Francs. La vente est faite principalement sur des salamandres en stock à Clichy. La fabrication est beaucoup plus réduite et les perspectives pour 1952 sont mauvaises.

 

La réparation des salamandres

C’était l’activité principale durant la guerre. Elle s’est amplifiée jusqu’en 1949 et commence à décroître :

 

Année

Devis de réparation acceptés

1943

1773

1944

1292

1945

1519

1946

2658

1947

3271

1948

3380

1949

3481

1950

3223

1951

2666

Le prix moyen d’une réparation est de 9 700 F en 1952, ce qui représente 42% du prix d’une salamandre neuve et un chiffre d’affaires de 26 millions de Francs, encore équivalent au total des salamandres neuves vendues.

 

Les cuisinières ISOMATIC

Environ 300 unités sont fabriquées en 1951, ce qui représente à 90 000 F pièce un chiffre d’affaires de 27 millions de Francs. Les perspectives pour 1952 sont bonnes : 2 à 5 unités par jour.

Les radiateurs électriques

C’est la production la plus importante en quantité : environ 800 en 1951. Mais cela représente un faible chiffre d’affaires : 4,4 millions de Francs.

 

 

Les projets

 

L’activité en 1951 - 1952 est particulièrement poussée pour essayer de trouver des solutions pour sauver l’affaire :

- Mon grand-père Pierre travaille sur un nouveau système de chauffage central par air chaud à partir d’une salamandre Kritos ou Mega-Kritos, ceci probablement pour répondre aux nombreuses critiques du chauffage central à eau, en particulier des fuites probables. (Rapport du 14 décembre 1951)

 

dessin de Pierre CHABOCHE

- Edmond, étudie un système de salamandre avec foyer intérieur en matière réfractaire, au lieu de la fonte. Henri est intéressé par cette solution qu'il souhaite intégrer au projet NM52 (Nouveau Modèle 1952). Ce dernier doit répondre aux nombreuses critiques des clients rapportées par le réseau commercial français qui trouvent les formes actuelles des salamandres trop vieilles. Il verrait bien pour cette nouvelle salamandre les « lignes très simples et fuyantes des voitures américaines ». (Lettre d’Henri du 17 décembre 1952 avec notes du 13 et du 16 décembre)

- Edmond et Pierre étudient un radiateur à gaz utilisant des valves mises au point par les établissements A. THÉOBALD 197, faubourg Saint-Martin Paris 10e. (Lettre d’Henri du 15 août 1951 accompagnant le rapport d’Edmond, rapport de Pierre du 18 octobre 1951).

valve THÉOBALD "tout ou peu" type B.P.

- Edmond continue la mise au point de nouvelles versions de cuisinières ISOMATIC.

Pour développer rapidement les ventes, les réfrigérateurs semblent être une bonne opportunité.

Réfrigérateur ELECTROLUX de fin des années 30 dont la forme a été créée par le designer industriel Raymond LOEWY. Le coffret est en émail blanc lisse, sur de petits pieds.

 

Les réfrigérateurs

 

L’année 1952 est occupée en grande partie à étudier les possibilités d’implanter à Clichy la fabrication sous licence de réfrigérateurs M.A.F. de 50 litres. Deux propositions sont faites par MM. MARTIN et BONDUEL. Pour cela, l’augmentation de capital de la société CHABOCHE semble nécessaire. Edmond et Pierre y sont favorables, Henri y est opposé pour éviter le risque de perdre le contrôle de la société. Une lettre de mon grand-père à Henri montre les difficultés du moment et les enjeux. (Lettre du 12 avril 1952).  Henri se range finalement à l’idée et c’est BONDUEL qui est retenu en mai. La production débute en décembre 1952, avec un objectif de 200 appareils par mois.

Dès le départ les difficultés apparaissent sur le plan commercial. Le réseau de vente des salamandres voudrait utiliser cette nouvelle possibilité mais n’est pas adapté à ce marché. Les conditions du contrat BONDUEL sont dures. Enfin la concurrence sur ce type de produit est déjà très forte : SIBIR (35 l et 80 l),  KELVINATOR (80 l), FIAM, FRANCO-SUISSE, STARVEL, BLIZARD St LOUIS, NEWCOLD 66 (45 l), ELECTROLUX (45 l), FRIGIDAIRE (45 l et 80 l), PHILIPS qui  a racheté BASILE BELGE, GENERAL ELECTRIC  etc.

Les décès d’Edmond le 25 mai 1953 puis de mon grand-père Pierre le 29 septembre 1953 précipitent la fin de l’entreprise CHABOCHE qui est liquidée sur plusieurs mois, entre fin 1953 et début 1954.

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