La Salamandre
couverture du catalogue 1933, signée par SENDRAF
La salamandre, poêle en fonte, mobile, à combustion lente,
fabriquée entre 1883 et 1953, à 700 000 ou 800 000 exemplaires
est un succès
technique, commercial et artistique.
C'est un appareil révolutionnaire car il
peut être déplacé d'une pièce à l'autre sans être éteint.
Les caractéristiques d'une salamandre sont d'être un poêle en fonte, à feu visible et sutout de pouvoir être mobile sur trois roues métalliques.
Le fait d'être un poêle en fonte à la tôle de fer avait déjà été breveté par GODIN en 1840.
Avant GODIN, tous les poêles étaient en céramique ou métalliques mais pas en fonte émaillable.
La salamandre apporte en plus le fait d'avoir un foyer visible par une fenêtre équipée de micas et surtout d'être mobile.
Entre 1900 et 1913, la signification de la salamandre
comme « cheminée roulante à feu continu » est déjà si grande
que c'est ce premier
sens du mot salamandre avant le « reptile à longue queue et sans écailles »
qui a été retenu par l'Encyclopédie Universelle du XXe siècle d'Alfred MEZIÈRES (Librairie Nationale)
Le mot salamandre fait partie des
noms communs du dictionnaire Petit LAROUSSE illustré de 1913
« marque de fabrique particulière d'un poêle mobile à combustion lente » et continue de l'être en 1961 :
et jusqu'en 2004, plus de 50 ans après les dernières fabrications :
- La salamandre est le nom déposé d'un poêle à combustion lente. (Petit LAROUSSE 2004).
Dans le Petit LAROUSSE 2005, ce sens a disparu. Mais sans qu'aucune
modification du nom déposé n'ait été faite, à notre connaissance, on retrouve la définition
initiale dans le Petit LAROUSSE 2024 :
(nom déposé) Appareil de chauffage, poêle à
combustion lente. - Dans le dictionnaire maxi poche LAROUSSE 2025 :
(nom déposé) Appareil de chauffage, poêle à combustion lente.
Dans les autres dictionnaires, la signification de la salamandre comme poêle, est toujours actuelle :
- Salamandre : nom déposé en 1889 ®. Poêle à combustion lente qui se place
dans une cheminée. (Le Petit ROBERT 2017) -
Poêle à combustion lente qui se place dans une
cheminée (Le ROBERT micro poche 2018) - (n. déposé) Poêle à combustion
lente (Le Petit ROBERT illustré 2025)
- Salamandre : appareil de chauffage à feu continu qui se place dans une cheminée. (HACHETTE 2023)
- Salamandre : appareil de chauffage. Poêle à feu continu et à combustion lente, placé dans une cheminée.
(Dictionnaire encyclopédique AUZOU, Paris, 2021)
® Le nom La Salamandre a été déposé le 6 mai 1898 et non en 1889 (voir la marque La Salamandre).
Sa notoriété dépasse largement le cadre français.
En anglais, le mot salamander, à l'heure actuelle, a une signification un peu différente mais provenant des salamandres CHABOCHE et de leur mobilité :
- A portable stove used to dry out a building in construction (poêle mobile utilisé pour
faire sécher un bâtiment en construction).
(COLLINS, English dictionary complete and unabridged, COLLINS Publishers, 2003)
- A portable stove used during the construction of a building, in a greenhouse,
etc. (poêle mobile utilisé durant la construction d'un bâtiment, dans une serre etc.)
(HARRAP'S CHAMBERS English dictionary 10th edition 2006)
En anglais des États-Unis, le mot salamander-stove est utilisé : A small portable stove for heating a room (Petit poêle mobile servant à chauffer une pièce) (Shorter Oxford English dictionary, Oxford University Press, 5th edition, 2002)
En espagnol, le mot salamandra a une signification très proche du français et dont l'origine vient des salamandres CHABOCHE :
- Especie de calorifero de combustión lenta.
(Type d'appareil de chauffage à combustion lente.)
(Diccionario de la lengua española, Real Academia Española, Vigésima secunda edición 2001)
- Estufa de carbón de combustión lenta.
(Poêle à charbon à combustion lente.)
(Diccionario de la lengua española, Madrid, ESPASA-CALPE, 2005)
- Estufa de combustión lenta que utiliza generalmente carbón.
(Poêle à combustion lente qui utilise généralement du charbon)
(El Pequeño LAROUSSE ilustrado 2012)
En portugais, le mot salamandra a un sens moins précis mais dont l'origine vient des salamandres CHABOCHE :
- Salamandra (aquecimento) = chaudière (appareil de chauffage)
(Dicionário de Português - Francês, PORTO EDITORA, 1999)
En néerlandais, le mot salamander a un sens proche du français et dont l'origine vient aussi des salamandres CHABOCHE :
- Salamander (Kochel) = salamandre (poêle)
(Dictionnaire français - néerlandais / néerlandais - français Le Robert & van Dale 2007)
La salamandre est un objet utile mais aussi artistique qui
peut se présenter comme un digne représentant de l'Art nouveau de 1900.
Les modèles ultérieurs font aussi partie des intérieurs de style Art déco de 1925.
Le mot salamandre et le motif représenté de la
salamandre crachant du feu que l'on peut voir sur les appareils,
proviennent de l'emblème héraldique des médaillons du roi François Ier, visible
en particulier au
château de Blois.
Mon arrière-grand-père a trouvé ce nom de salamandre
mieux adapté et l'a choisi en 1886,
en remplacement du nom initial de Cheminée
Mica.
C'est aussi la raison pour laquelle le deuxième modèle de forme carrée s'est appelé Renaissance.
Voici comment la salamandre était présentée en 1924 :
Une des créations les plus originales et les plus intéressantes qui ait été faite par l'industrie française à la fin du siècle dernier est l'appareil de chauffage bien connu sous le nom de la Salamandre.
Cet appareil, inventé par l'ingénieur CHABOCHE en 1883, se différenciait de tout ce qui avait été fabriqué jusqu'à cette date, autant par sa forme que par son principe.
Conçu pour être placé devant
les cheminées d’appartement, il était constitué essentiellement par deux pièces
principales : une façade et un derrière en fonte fixés l'une à l'autre par des
vis,
un joint de mastic empêchant toute fuite de gaz. La forme plate qui en
résultait lui donnait une apparence toute différente des poêles ronds ou
rectangulaires,
si disgracieux, les seuls qui fussent connus jusqu'alors. En
outre, cet appareil, dessiné par un artiste de haute valeur,
Joseph CHÉRET, et
finement ciselé,
était remarquablement décoratif, d'autant plus que le moulage de la fonte avait fait l'objet des plus grands soins.
Par ailleurs, le principe de
la Salamandre était entièrement nouveau : grâce à une double enveloppe en
fonte composée de deux pièces appelées carneaux,
la circulation des gaz pouvait
se faire tout autour de l'appareil, de l'avant à l'arrière, et les gaz
abandonnaient ainsi une grande partie de leurs calories,
avant de s'échapper
dans la cheminée. De plus, l'appareil contenait une réserve importante de
charbon permettant de n'effectuer les recharges
que toutes les vingtquatre heures avec de l'anthracite, cette réserve étant placée en dehors de la zone de combustion, de façon à empêcher toute production d'oxyde de carbone.
Le constructeur prévoyait même
une entrée d'air additionnelle sur le devant des grilles pour le cas où
l'appareil étant en marche vive
et par suite la zone de combustion s'étant
agrandie, une petite quantité d'oxyde de carbone se serait produite.
Cet oxyde
de carbone venait alors brûler à l'avant du foyer, comme en témoignent les
jolies flammèches bleues qu'on aperçoit parfois derrière les micas.
L'excellence de ce principe de combustion était d'ailleurs reconnue par l'Académie de médecine, qui consacrait ainsi la valeur hygiénique de l'invention.
Autre nouveauté : la visibilité
du feu. Grâce à une grande porte en fonte, percée d'ouvertures garnies de micas,
on avait le plaisir de voir le feu,
ce qu'aucun poêle n'avait réalisé jusqu'alors. Cet emploi du mica était tellement nouveau que l'inventeur avait eu d'abord l'idée d'appeler son appareil
la cheminée Mica ; il y renonçait
bientôt pour choisir le nom si caractéristique de la Salamandre
en même temps qu'il faisait ciseler sur ses modèles la reproduction de l'animal légendaire : la salamandre lançant des flammes.
Cette marque de fabrique est
devenue si célèbre depuis que bien des gens se sont imaginés qu'il s'agissait
d'un nom commun,
désignant l'ensemble des cheminées à feu continu,et cette croyance était soutenue d'ailleurs par des commerçants peu scrupuleux.
La vogue de
la Salamandre
fut considérable. Désignée par son constructeur comme étant une
« cheminée
roulante à feu visible et continu », elle fit vite son tour de France et même
son tour du monde.
Et bien des voyageurs seraient étonnés de retrouver dans la maison chinoise, par exemple, le même modèle de Salamandre qui les chauffait si bien à Paris.
Deux originalités de cette industrie très spéciale sont :
1° l'application de l'art du meuble à l'industrie du chauffage. Cette application a continué à être développée avec le temps :
en effet, M. E. CHABOCHE,
après avoir lancé deux premiers modèles, l'un en forme d'éventail, l'autre de
forme rectangulaire,
créait, en collaboration avec des artistes de talent,
d'autres modèles de style Louis XV, Louis XVI, moderne, anglais, etc., mettant
en pratique cette heureuse formule
« un modèle pour chaque style » qui est une des caractéristiques de la production de cette maison.
Des motifs décoratifs du plus
joli effet : appliques en cuivre nickelé, entourages de faïences polychromes,
ainsi que la création d'émaux majoliques de couleurs variées,
a permis de réaliser un choix extraordinaire d'appareils, tout en conservant deux principes très importants : interchangeabilité des pièces, fabrication en grande série.
La dernière nouveauté de cette
maison : la Salamandre à bois, a provoqué un vif mouvement de curiosité
par l'originalité de sa conception et est appelée au plus grand succès.
Cet
appareil, construit sur les mêmes données que les précédents, a été créé
spécialement pour brûler des bûches de 28 à 33 centimètres de longueur,
tout en réalisant un chauffage continu et en ne nécessitant que deux ou trois chargements par vingt-quatre heures.
Nous avons voulu insister un
peu sur cette industrie essentiellement française parce qu'elle est à la fois
un exemple typique d'application de l'art à l'industrie
et de mise en pratique de principes scientifiques très sûrs, au point que chaque Salamandre peut être considérée comme un véritable appareil de laboratoire.
Mais ce qui caractérise en
même temps cette industrie, par un contraste des plus frappants, c'est qu'elle
est un des rares exemples existant en France
depuis de longues années de deux principes soi-disant nouveaux, importés par les Américains en France.
1° Pour bien fabriquer tout en abaissant le prix de revient, ne faire dans une même usine qu'une seule fabrication ;
2° Faire passer l'objet à
fabriquer entre les mains d'équipes successives, chaque équipe ayant toujours le
même travail à effectuer,
de façon à réaliser la division du travail la plus absolue.
Les usines de MM. E. CHABOCHE
et Cie sont situées à Paris et à Clichy avec deux fonderies dans les Ardennes :
elles occupent en moyenne 500 employés et ouvriers.
Environ 550 000 appareils sont
déjà sortis de ces usines, dont une bonne partie pour l'exportation,
spécialement dans les pays suivants :
Angleterre (la maison possède un magasin de
vente et un atelier de réparations à Londres), en Belgique, Hollande,
Luxembourg, Suisse, Autriche, Italie,
Turquie, Pays balkaniques, Pologne, etc.,
en Algérie, Tunisie, Maroc, en Chine, Indochine, Japon, aux États-Unis, au
Canada,
au Brésil, Uruguay, Paraguay, République argentine, Chili, etc.
Comme on
le voit, la Salamandre est connue à peu près dans le monde entier en même
temps qu'elle continue à jouir de la plus grande faveur en France,
parmi les
ménages les plus simples comme chez les plus riches : elle est achetée
aujourd'hui par les petits bourgeois, les employés et même les ouvriers,
et on
l'appelle le « chauffage central du pauvre », mais elle trouve aussi sa place
dans les maisons les plus luxueuses, grâce à son cachet artistique
qui en fait
un véritable meuble, et quand il y a le chauffage central à l'eau chaude ou à
vapeur, elle lui vient en aide, car il est souvent insuffisant et parfois arrêté
soit au début et à la fin de chaque hiver, soit par suite d'accidents.
M. B.
Salamandre Louis XVI
Original Marie-Liesse Gauvin
Dépliant publicitaire datant probablement de 1913 présentant la Salamandre.
Une information mensongère : Benjamin FRANKLIN n'est en rien l'inventeur de la salamandre.
Aujourd'hui
(9/1/2024) on trouve un article Wikipedia indiquant que la
salamandre est une invention de Benjamin FRANKLIN de 1743
alors que si l'on recherche cette information dans l'article de
Benjamin FRANKLIN (en français), il n'y a aucune information en ce sens.
Il est même dit que Benjamin FRANKLIN n'a jamais déposé de brevet pour le « bienfait de l'humanité » !
De plus, si Benjamin FRANKLIN a fait, à l'origine, des poêles, ils ne sont pas en fonte à la tôle de fer, inventée par GODIN,
le 15 juillet 1840, et qui peut être émaillée.
GODIN qui existe toujours est devenu le premier fabricant mondial de poêles en fonte !
L'article de Wikipedia renvoie à une société appelée LACUNZA du groupe
LACUNZA KALOR GROUP 31800 Alsasua, Navarre, Espagne.
Elle offre un
prix de vente de 900,24 € pour un poêle ressemblant
à une salamandre CHABOCHE Renaissance modèle 1935-1936, à s'y méprendre,
avec même une gravure de salamandre regardant en arrière comme sur les salamandres CHABOCHE,
ce qui est formellement interdit par le dépôt de marque La Salamandre ®.
Le prix est en Euros, donc postérieur à 2001, mais aussi bien évidemment postérireur à 1953,
date de la fin des salamandres CHABOCHE !
De plus, à la question de comment fonctionne un poêle salamandre, la réponse de Wikipedia
est que l'appareil doit « être soulevé du sol au moyen de jambes »,
ce qui est totalement absurde et dangereux pour un poêle de 60 à 130 Kg, mobile sur trois roues !
NE SUIVEZ PAS LES CONSEILS DE WIKIPEDIA sur ce sujet.
Cette information, très probablement donnée par LACUNZA, de l'invention de Benjamin FRANKLIN
n'est pas correcte et cela nuit donc à la notoriété des articles Wikipedia, remarquables pourtant par ailleurs, !
Pour plus de détails, consulter la page Questions et réponses sur les brevets.
Page suivante : les différents modèles de Salamandre.